Tout comme en 2010, l’été 2011 a été fertile en événements surprenants pour l’industrie IT avec notamment l’annonce de l’abandon des PC par HP et le rachat de Motorola par Google.


Sur fond de crise économique et de météo capricieuse ? sans oublier son lot de conflits ? l’été 2011 restera gravé dans les annales de l’histoire. Frappé de déraison, le secteur informatique a lui aussi connu moultes péripéties. Voici quelques événements qui ont marqué ces deux mois. Une revue qui ne se veut ni exhaustive, ni chronologique.

HP : Léo Apotheker affole la bourse en annonçant la scission de l’activité PC

Une véritable déflagration. C’est ce qu’aura provoqué Léo Apotheker, le patron de HP, en annonçant à l’occasion de qui devait être une banale communication de résultats trimestriels, un repositionnement stratégique du groupe sur la valeur assorti d’un abandon de l’activité PC. Une annonce qui a provoqué un choc non seulement parmi les salariés du constructeur mais également parmi les investisseurs, qui ont immédiatement sanctionné le titre en le faisant chuter de 25% en deux jours. Une baisse qui met Oracle en situation de tirer les marrons du feu. Si la stratégie se défend, peu nombreux sont ceux qui pensent que le rachat de l’éditeur britannique Autonomy annoncé simultanément soit pertinent. Surtout, c’est la manière de communiquer du patron de HP qui a laissé pantois l’ensemble du marché. Au point que chacun se demande désormais combien de temps il pourra se maintenir à la tête du groupe.

HP : La division PC rame pour atténuer les conséquences des déclarations de Léo Apotheker

Passé le premier moment se stupeur, la division PC de HP a rapidement mis sur pied une communication de crise pour rattraper l’effet désastreux de l’annonce de la scission. Tandis que Todd Bradley, son patron, expliquait partout que le scénario de la création d’une filiale indépendante était le plus probable, Pascale Dumas, sa directrice générale France, se démenait à l’instar de ses troupes, en appelant ou en rendant visite personnellement aux principaux clients et partenaires. Le message qu’elle leur a distillé sans relâche au cours des derniers jours a été en substance : « non la division PC de HP ne va pas cesser ses activités. Oui, elle tiendra l’ensemble de ses engagements et continuera à soutenir son réseau de distribution ». Un discours qui a , semble-t-il, atteint son but, les partenaires que nous avons interrogés se disant « très satisfaits de l’attitude de HP » et « nullement inquiets ». Toutefois, tout le monde ne semble pas aussi rasséréné : tandis que la presse US continuait à tirer à boulets rouges sur la stratégie de Léo Apotheker, le Wall Street Journal compilait dans un article la semaine dernière une série de témoignages de partenaires confessant avoir été sensiblement ébranlés dans leur confiance par cette annonce.

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La presse US tire à boulet rouges sur Léo Apotheker

Apple se fâche avec tout le monde au moment où Jobs démissionne
« J’ai toujours dit que si venait le jour où je ne pourrais plus remplir mes fonctions en tant que dirigeant d’Apple, je serais le premier à le faire savoir. Malheureusement, ce jour est venu. Je démissionne donc en tant que directeur général d’Apple ». C’est par ces mots que l’emblématique patron du constructeur le plus hype de la Silicon Valley, atteint d’une forme rare du cancer du pancréas, a tiré définitivement sa révérence le 24 août.

Il lâche les rênes de sa société alors qu’Apple est devenu à la faveur de la crise boursière de l’été, la première capitalisation mondiale et qu’il n’en finit pas d’intenter des procès à tous les géants de l’informatique US pour défendre sa suprématie dans les terminaux mobiles et les tablettes. Le constructeur a ainsi provisoirement obtenu le retrait de la vente des Galaxy Tabs de Samsung en Europe. Le succès appelant le succès, il bat des records en matière de vente de licences. En effet, la firme de Cupertino a réussi à écouler plus d’un million de systèmes d’exploitation Mac OS X Lion, en à peine 24 heures au mois de juillet.

Un décollage qui ne devrait toutefois pas profiter aux APR, le nouvel OS étant vendu exclusivement par le canal des Mac App Store. Les revendeurs Apple devront se contenter d’une commission de 4 % versée sur la vente de cartes iTunes nécessaires pour acheter le fameux Lion. On comprend que ces derniers soient inquiets pour leur avenir. Aux Etats-Unis, l’App Store BtoB lancé par la firme à la pomme devrait également laisser un goût amer dans la bouche des revendeurs puisque les clients peuvent désormais, en quelques clics, acheter des logiciels en volume. Précisons que la firme a en ce moment fort à faire avec la multiplication des faux Apple Store en Chine.

La crise boursière pourrait rattraper l’IT

La crise qui a secoué les places boursières mondiales pendant l’été pourrait préfigurer un nouveau ralentissement de l’économie qui ne manquerait pas de rattraper in fine le secteur IT. Les sociétés IT cotées ne sont pas les seules à sentir le vent du boulet. Déjà, des signes avant-coureurs laissent entrevoir un retournement au cours du second semestre pourtant encore improbable au début de l’été.

Microsoft accélère sur le cloud

Avec sept programmes d’incentives dédiés et 5,8 milliards de dollars d’investissements prévus pour son exercice 2011-2012, le cloud continue d’être l’obsession première de Microsoft. Avec un certain succès si l’on en juge par les résultats de l’éditeur pour l’exercice qui vient de s’écouler. Le géant a en effet terminé son année fiscale avec un chiffre d’affaires et un bénéfice record de respectivement 69,9 milliards de dollars et 23,15 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 12% pour le premier et de 23% pour le second. On a appris au passage que, contre toute attente, le cloud était plus rentable pour l’éditeur que les licences sur site. Mais attention, car son cloud continue de subir régulièrement des avanies. La foudre a ainsi mis hors service pendant plusieurs heures son datacenter de Dublin le dimanche 7 août dernier, occasionnant des interruptions de service pour les clients de sa suite BPOS.

Le succès posthume de la TouchPad

L’un des événements marquants que l’on retiendra de cet été 2001, sera certainement le lancement funeste de la TouchPad, la tablette sous WebOS avec laquelle HP croyait écorner l’hégémonie de l’iPad. Ce n’est qu’aux premiers jours de juillet, plus d’un an après le rachat de Palm, que sa commercialisation débute officiellement. Selon les estimations, 500.000 à un million d’exemplaires sont mis en circulation. Mais à peine un mois plus tard, en pleine torpeur estivale, devant la montagne d’invendus, HP décide une baisse de prix de 50 dollars puis, quelques jours plus tard, une seconde, avant d’annoncer le 18 août l’arrêt pur et simple de cette activité, après seulement six semaines de commercialisation. Une décision qui se chiffrera en milliards de perte pour le constructeur. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Pour écouler les stocks, HP annonce une réduction supplémentaire de 75% du prix. Dès lors, contre toute attente, c’est la ruée. En quelques heures, les stocks disparaissent et les rares commerçants ayant encore quelques exemplaires sont littéralement pris d’assaut, donnant lieu à des situations chaotiques. Pour finir, face à l’insatisfaction grandissante des clients et des revendeurs, et alors que la cote des Touchpad atteint 230 à 350 dollars sur les sites d’enchère, HP décide de relancer la fabrication d’une série (qui sera commercialisée au prix déstockage mais réservée au marché américain). Et si le constructeur assure dans sa communication officielle que ce sera la dernière avant arrêt définitif, le patron de cette division activité, Todd Bradley, explique qu’elle pourrait redémarrer une fois le sort de la division scellé.

Intel investit 300 millions de dollars dans les ultrabooks pour endiguer la déferlante tablettes

Soucieux de ne pas se laisser marginaliser par la montée en puissance des tablettes, dont certains annoncent qu’elles supplanteront les PC dans les foyers dès 2016, Intel a annoncé qu’il allait consacrer 300 millions de dollars au développement de sa nouvelle architecture de PC portables dévoilée en juin sous le nom d’Ultrabook. Un nouveau format qui conjugue les performances des PC portables actuels avec les caractéristiques et les fonctions des tablettes. Attention toutefois, certains fabricants préviennent que les objectifs fixés par Intel ne seront pas tenus.

Intel débloque 300 millions de dollars pour contrer le succès des tablettes

Intel propose sa vision du MacBook

Android : un décollage qui risque de coûter cher
Chez Google – qui fréquente lui aussi assidûment les salles des tribunaux – on n’en finit pas de sourire. Et pour cause, Android détient désormais 39% du marché du mobile. Le sourire qui pourrait toutefois se transformer en rictus à cause d’un malheureux email qui laisse entendre que l’éditeur aurait violé des brevets Java pour développer la fameuse plateforme. Et comme le vorace patron d’Oracle (Larry Ellison pour ceux qui auraient oublié son nom) est en embuscade … Autre cause probable de soucis : le projet de rachat annoncé de la division mobilité de Motorola pour 12,5 milliards de dollars. Une nouvelle qui n’a pas du tout fait plaisir à ses principaux partenaires dans les mobiles, notamment Samsung, qui tout en prenant soin de faire des déclarations apaisante, a convoqué en urgence son comité de direction.

RIM se sépare de 2.000 personnes

Goût amer dans la bouche également pour les salariés de RIM qui verront leurs effectifs réduits de 11%, ce qui correspond à quelque 2.000 têtes. Une coupe jugée indispensable par les responsables de la société après les résultats calamiteux enregistrés au cours de premier trimestre.

Un consortium français pour le cloud
Et dans l’Hexagone ? L’AFP a appris de source apparemment sûre que Dassault Systèmes, Orange, Thalès et l’Etat se sont mis d’accord pour la création d’un consortium destiné à proposer des services de cloud computing aux administrations et entreprises. Son financement proviendrait de l’enveloppe de 4,25 milliards d’euros accordée par le gouvernement pour développer l’économie numérique. L’information, publiée dans plusieurs quotidiens nationaux, dont Le Monde, devrait être rendu public à l’automne après validation du projet par les CE des trois entreprises signataires.

Le FSI entre au capital de Bull
Toujours chez nous, on apprenait au début du mois que le Fond stratégique d’investissement (FSI) avait pris une participation de plus de 5% dans le capital de Bull afin d’accompagner le développement de la société sur ses différents marchés. Les FSI devient ainsi le troisième actionnaire de Bull derrière Crescendo industries et France Télécom, qui détiennent respectivement 22% et 8% du capital.