Moins d’un an après avoir lancé ses travaux d’aménagement, Phocéa DC a officiellement inauguré le 23 janvier dernier son centre de données devant un auditoire de 120 personnes, constitué de clients et de partenaires, mais aussi d’élus de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de membres de la ville de Marseille.

Des officiels qui témoignaient du soutien appuyé des pouvoirs publics locaux à ce projet de centre de données situé au cœur de la ville, à proximité du centre de données historique MRS1 de Digital Realty (ex-Interxion). Un soutien des élus locaux qui ne va plus de soi, après que l’annonce de MRS5, le cinquième centre de données marseillais – d’une surface de 22.000 m2 – que Digital Realty envisage d’aménager sur le port, a suscité une levée de boucliers des riverains et des associations.

Ces derniers dénoncent l’emprise massive de ce méga-projet sur le territoire et ses ressources (notamment électriques et hydriques). Et ils s’inquiètent de l’afflux actuel de dépôts de permis de construire laissant présager l’implantation à moyen terme dans la région d’autres datacenters tout aussi massifs représentant des centaines de mégawatts de puissance électrique. Des projets portés par des les géants du Web attirés par la quinzaine de câbles sous-marins qui convergent à Marseille, faisant de la ville le 6e hub de l’Internet mondial avec plus de 5 milliards de personnes reliées.

À taille humaine – il n’occupe que 1.700 m2 de superficie (soit une capacité de l’ordre de 200 à 250 baies) – le centre de données de Phocéa joue la carte de l’intégration urbaine (avec notamment la réutilisation d’un bâtiment existant et le recyclage de la chaleur fatale) et du développement du tissu économique local. « L’ADN du projet, c’est de servir les intérêts de la région en offrant des solutions de proximité adaptées aux besoins des entreprises et des collectivités locales, et de développer l’écosystème numérique de Marseille », expose Damien Desanti, son fondateur (photo).

À cet effet, Phocea DC fait la part belle à la souveraineté et à la responsabilité environnementale. L’entreprise fait valoir qu’elle est détenue à 100% par des investisseurs privés locaux – qui ont investi 5 M€ dans le projet avec le soutien de BNP Paribas, de la Société Générale et de BPIFrance –, garantie que seule la loi française appliquera en matière de protection des données.

D’une puissance de 1,2 MW, le centre Phocea a la capacité d’atteindre un PUE (efficacité énergétique) de 1,2, grâce notamment à l’utilisation du Free Cooling. L’entreprise envisage également de recourir à terme à l’immersive cooling pour améliorer son efficacité énergétique et optimiser son empreinte carbone.

Autant d’arguments qui ont fait mouche, lui assurant un taux de remplissage de l’ordre de 20 à 25 % de sa capacité à l’ouverture. Par ailleurs, Phocea profite à plein de ce que Free pro, le seul autre acteur souverain à Marseille, n’ait lui-même qu’un seul site, a fortiori déjà proche de la saturation.