Près de deux semaines après l’annonce du revirement stratégique de HP, la presse d’outre-Atlantique marque toujours son incompréhension. Et donne la parole à des analystes particulièrement remontés.

 

L’annonce selon laquelle HP envisageait d’abandonner la fabrication des PC n’en finit pas de faire des remous. Chaque jour la presse US recueille les avis des analystes, des avis qui fluctuent généralement entre stupeur, mépris et indignation.

James Stewart, éditorialiste reconnu du New York Times et sommité de la presse outre-Atlantique, a ainsi prêté une oreille attentive à Tom Perkins, le multimilliardaire co-fondateur du fonds Kleiner Perkins Caufield & Byers. Ce dernier, qui fut par ailleurs un des hauts responsables de HP (et le premier patron de la division ordinateur du fabricant), a tenu des propos pour le moins rudes à l’encontre de Leo apotheker. « J’ignorais que le suicide d’une entreprise existait, mais maintenant nous savons que cela existe », a-t-il lâché.

« Y-a-t-il un autre exemple d’une institution si respectée qui soit tombée si bas si rapidement ? Je ne crois pas », s’interroge, toujours dans les colonnes du quotidien new-yorkais, le haut responsable d’un acteur de l’industrie IT qui préfère rester anonyme.

Ce week-end, le Wall Street Journal développait la stratégie de Leo Apotheker. Une stratégie sous-titrée « Si l’on vous donne un an pour couler Hewlett-Packard, voici comment faire ». Il est vrai que la stratégie développée par l’entreprise depuis 12 mois, avec la bénédiction du conseil d’administration rappelons-le, paraît pour le moins inconséquente, allant du rachat de Palm à l’acquisition d’Autonomy, en passant par l’abandon de la branche PC et par le bradage de la TouchPad. A propos du rachat de l’éditeur britannique, le quotidien économique rappelait que le nouveau maître de Palo Alto était auparavant le grand patron de SAP. « L’édition est ce que Mr Apotheker connaît le mieux », expliquait notre confrère.

Le WSJ reprenait également les paroles de Jayson Noland, analyste chez Robert W. Baird & Co, commentant le largage de la branche PC. « C’est comme si MacDonald se retirait de l’industrie du hamburger. »


Le cours s’est éffondré de 49% en un an


Plus modéré dans ses propos, Toni Sacconaghi Jr, analyste chez Bernstein Research, s’étonne dans le NYT du prix déboursé pour racheter l’éditeur britannique Autonomy. Il y voit une mauvaise affectation de l’argent de HP et une destruction de la valeur de la société. Il est vrai que l’action HP a perdu 20% depuis que les propos tenus par Leo Apotheker ont été rendus publics. Certains mauvaises langues se plaisent par ailleurs à rappeler que le cours du constructeur s’est effondré de près de 49% depuis le départ de Mark Hurd l’été dernier.

Heureusement pour Leo Apoteker, il existe quand même quelques analystes qui semblent comprendre sa stratégie. La semaine dernière, Susan Feldman, Melissa Webster et Vivian Tero, du cabinet IDC, publiaient un communiqué expliquant que le rachat d’Autonomy représentait pour HP une véritable opportunité, cet éditeur étant une société très rentable, possédant une belle base de clients ainsi qu’une confortable réserve de liquidités. Un point de vue  dont nous nous étions fait l’écho. Toujours selon ces analystes, cette opération favorise l’ancrage de HP dans le cloud computing. Et donc dans l’avenir.

Finalement, c’est cet avenir qui nous dira qui a raison.