Le CISPE (Cloud Infrastructure Service Providers in Europe) a saisi officiellement le Tribunal de l’Union européenne. Par un recours formel, déposé le 24 juillet, le lobby des fournisseurs européens de services cloud cherche à obtenir l’annulation de la décision de la Commission européenne autorisant le rachat de VMware par Broadcom.

L’organisation professionnelle estime en effet que « cette décision est entachée d’erreurs de droit et d’évaluations erronées du point de vue de la concurrence, suffisamment graves pour justifier son annulation. »

Selon le CISPE, la Commission a reconnu l’existence de risques sérieux pour la concurrence dans son résumé officiel publié le 13 mai 2025, mais n’a assorti son autorisation d’aucune condition susceptible d’empêcher un abus de position dominante de la part de Broadcom.

Le Cispe avait déjà pris position l’an dernier contre Broadcom, l’accusant de tirer parti de sa domination dans le domaine de la virtualisation pour imposer des choix unilatéraux et des conditions de licences injustes. En mai dernier, il dénonçait des augmentations de tarifs entre 800% et 1500% chez certains de ses membres. A cela s’ajoute un nouveau durcissement des modalités de licence en juillet, risquant d’écarter une partie des fournisseurs de cloud européens de la revente de services basés sur VMware.

« La position dominante des logiciels VMware sur le marché de la virtualisation fait que les nouvelles conditions de licence affectent pratiquement toutes les organisations européennes utilisant le cloud », a déclaré le secrétaire général du CISPE Francisco Mingorance.

Malgré ses alertes répétées depuis 2 ans, l’organisation déplore l’absence de toute mesure concrète et l’échec des tentatives de dialogue avec Broadcom.

Broadcom a réagi en disant « désapprouver catégoriquement ces allégations ». « La Commission a approuvé notre acquisition à l’issue d’un examen approfondi de la fusion, et nous respecterons les engagements pris envers la Commission à cette occasion », a déclaré un porte-parole de Broadcom cité par Reuters. La Commission européenne a indiqué de son côté qu’elle était prête à défendre ses décisions devant les tribunaux.

Il revient désormais aux juges d’examiner si la procédure d’autorisation a effectivement manqué de garanties suffisantes au regard des règles européennes sur la concurrence. Quelle que soit l’issue du recours, le CISPE accentue sa pression sur Broadcom. Une stratégie qui a fonctionné avec Microsoft et permis au CISPE de signer un nouvel accord de licences avec des conditions plus favorables.