BlackBerry a perdu de sa superbe dans les entreprises à en croire les partenaires français qui voient leurs ventes fléchir et les migrations vers d’autres plates-formes s’accélérer. Mais rien n’est encore perdu.


Dans quelle mesure les pannes à répétition de son service de messagerie au mois d’octobre, ont ébranlé la confiance des clients du constructeur du BlackBerry ? C’est la question ce que nous avons posée à quelques-uns de ses partenaires la semaine dernière alors que se tenait l’édition parisienne de son événement annuel, le BlackBerry Innovation Forum (BIF11).

En réalité, il est trop tôt pour le savoir, estiment les partenaires. Certes la panne a été « perturbante » pour les clients mais pour l’instant elle affecte « essentiellement l’image de marque du constructeur », juge l’un d’eux. Du reste, « la disponibilité de la plate-forme BlackBerry, c’est un argument des adversaires de RIM, estime un autre », qui souligne que les plates-formes de ses concurrents ne sont pas plus disponibles, en témoigne le volume croissant de prestations qu’il doit fournir pour les sécuriser.

Pour autant, avant même la panne d’octobre, le vent avait déjà sérieusement commencé à tourner pour RIM. Sa part de marché, qui avait atteint les 20% fin 2009, était retombée à 15% fin 2010 (source IDC) et, aux dernières nouvelles, elle avait encore chuté à 11% aux USA (source NDP Group). Plus inquiétant : pour la première fois ses ventes ont reculé sur ses premier et deuxième trimestres fiscaux (clos respectivement fin mai et fin août), contraignant la société à annoncer des licenciements et entraînant une plongée de son titre.

Un ralentissement de ses ventes qui n’épargne pas le marché français, soulignent les partenaires. « Autant le BlackBerry représentait encore le gros des ventes en entreprises l’année dernière, autant il est désormais distancé par des terminaux concurrents », convient un revendeur de solutions de téléphonie d’entreprise. Des concurrents qui ne sont autres que l’iPhone et, de plus en plus, les terminaux sous Android. Et les projets de migration vers des plates-formes concurrentes se multiplieraient, notamment sous la pression des programmes BYOD (Buy Your Own Device), auxquels les entreprises feraient de plus en plus référence dans leurs appels d’offres.

Néanmoins, le BIF11 a été semble-t-il un succès de participation tant en termes de partenaires que de clients. « Ce n’était pas la déprime que l’on pouvait craindre après la série de mauvaises nouvelles de ces derniers mois », remarquait un partenaire. « La plate-forme reste ultra-majoritaire en entreprises », souligne un éditeur, pour qui « l’agonie – si agonie il y a – sera nécessairement lente ». Pour lui, le BlackBerry demeure de loin la plate-forme la plus sûre et la plus aisément administrable. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait l’échec de sa tablette Playbook, « dépourvue de messagerie native et surtout mal intégrée dans les outils de gestion de flotte existants ». Des problèmes qui seront corrigés à la sortie de la prochaine version a assuré RIM.

« Mais pour survivre, le constructeur devra se renouveler tant sur le plan des terminaux – pas assez sexy – que sur celui des logiciels et des services d’infrastructures – pas assez ouverts », poursuit notre éditeur. Plus d’ouverture, c’est la promesse de QNX et de sa déclinaison BBX, le nouveau système d’exploitation que le constructeur souhaite mettre en œuvre sur ses tablettes et ses Blackberry, censé faire tourner la majorité des applications Android sans réécriture.

Malheureusement le projet a pris du retard suite à des problèmes de portage de l’environnement applicatif existant sur la nouvelle plate-forme. « Or RIM n’aura pas l’adhésion des entreprises tant que son nouvel OS ne sera pas full rétro-compatible avec l’existant », insiste notre éditeur. « Sinon, cela restera un outil de plus à gérer parmi d’autres ». Pour autant, certains y croient : nous avons apprécié QNX, qui s’exécute vite et supporte bien notre application, explique un éditeur, qui attend avec impatience la nouvelle Playbook.