Etix a récemment annoncé avoir sécurisé un refinancement de 170 M€ pour accélérer son développement européen. Nous avons demandé à son CEO, Louis Blanchot, de revenir sur la trajectoire récente et les ambitions d’Etix.
Channelnews : Vous avez annoncé fin septembre un refinancement majeur d’un montant total de 170 millions d’euros. Pouvez-vous rappeler qui est Etix, son positionnement, son parcours depuis son rachat en 2020 et sa structure capitalistique actuelle ?
Louis Blanchot : Etix, à l’origine Etix Everywhere, est un opérateur de centres de données neutres né en France en 2012. En 2020, le groupe a été racheté par l’américain Vantage Data Centers, qui a conservé la partie hyperscale et revendu l’activité Edge, autrement dit les centres de données de proximité. Activité que j’ai reprise en décembre 2020 avec Antoine Boniface, l’un des fondateurs historiques, soutenus par le fonds australien GDC. Nous avions alors cinq sites en exploitation (dont trois en France) pour un chiffre d’affaires inférieur à 6 M€.
Cinq ans plus tard, Etix exploite seize data centers, dont quatorze en France – le quatorzième ouvre à la fin du mois à Lille –, répartis sur six régions métropolitaines (Lille, Paris, Lyon, Toulouse, Montpellier et Nantes). Nous avons ainsi multiplié par plus de trois notre parc et par huit notre chiffre d’affaires, qui dépasse aujourd’hui 40 M€.
Depuis 2024, notre capital est détenu exclusivement par des investisseurs européens : Eurazeo (51,5 %) et Infranity (48,5 %), aux côtés du management (3 %). Ce nouvel actionnariat conforte notre ancrage souverain et nous donne les moyens de nous imposer comme un acteur européen majeur sur un marché dominé par les acteurs étasuniens.
Channelnews : Qu’est-ce qui a rendu cette opération de refinancement possible ? En quoi vous est-elle bénéfique. Et que comptez-vous faire des fonds obtenus ?
Louis Blanchot : Ce refinancement illustre d’abord la robustesse de nos fondations financières et le fait que nous ayons atteint une taille critique qui nous rend attractifs pour les banques classiques. L’offre a été largement sursouscrite, preuve de la confiance que les banques nous accordent.
Cette opération consacre également le changement d’échelle d’Etix en nous faisant passer d’un modèle de financement projet par projet à une logique industrielle. Elle nous permet de réduire le coût de notre dette et nous donne les moyens de nos ambitions en nous permettant de bénéficier de l’effet de levier qu’offre la dette financière. Nos besoins sont à la hauteur. Nous aurons investi pas moins de 50 M€ sur la seule année 2025.
Sur les 170 M€ annoncés, 120 M€ sont immédiatement disponibles : 50 M€ servent à refinancer la dette existante, 70 M€ vont aller au développement et au financement de nouvelles infrastructures. Une capacité additionnelle de 50 M€ est prévue pour d’éventuelles acquisitions ou projets d’expansion. Concrètement, ces moyens vont nous permettre de renforcer nos capacités existantes, d’ouvrir de nouveaux sites et de préparer notre entrée sur quatre nouveaux marchés européens : l’Espagne, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne.
Channelnews : En quoi Etix se distingue de ses concurrents ?
Louis Blanchot : Ce qui rend Etix singulier, c’est son actionnariat 100 % européen. Notre secteur d’activité étant très capitalistique, nos concurrents ont toujours a minima un actionnaire américain. Cette structure capitalistique et le choix d’une infrastructure ultra-certifiée offrent aux clients un cadre solide pour se prémunir contre les règles extraterritoriales telles que le Cloud Act. La souveraineté est un véritable axe de développement pour nous. Nous avons à ce titre rejoint au début de l’année l’association Hexatrust, qui vise à faire émerger les futurs champions du numérique souverain.
Channelnews : dans quelle mesure travaillez-vous avec les entreprises du numérique ?
Louis Blanchot : Historiquement, notre clientèle était essentiellement constituée de clients finaux (privés ou publics). Aujourd’hui, le marché a évolué : environ 70 % de notre clientèle relève du secteur TMT (technologies, médias et télécoms). Ce segment regroupe trois familles d’acteurs : les opérateurs télécoms, les intégrateurs IT et les fournisseurs de cloud. Ces partenaires jouent un rôle clé dans notre croissance : ils agrègent les besoins de nombreux clients finaux et nous permettent de massifier les projets de colocation.