La filiale française de constructeur canadien de terminaux mobiles vient de créer un poste de directeur général confié à Christophe Lefort. Il est chargé de promouvoir la marque indépendamment des opérateurs. Une révolution !
RIM, le constructeur du Blackberry, vient de nommer Christophe Lefort, jusqu’ici patron des relations avec les opérateurs, au poste de directeur général France. Cette nomination matérialise le changement d’organisation de la filiale française. En effet, celle-ci n’avait jusqu’à présent pas de management propre. Elle n’était que l’émanation de la structure européenne, organisée depuis toujours par business units dédiées aux opérateurs.
Rim France ne rompt pas complètement avec cette organisation mais lui ajoute une dimension marchés. Thierry Caliari, patron des ventes de la BU SFR, prendrait ainsi la direction des marchés retail, tandis que Philippe Lecanthe, prendrait les marchés entreprises. Christophe Lefort gérerait lui les marchés corporate. RIM n’a pas été en mesure de nous cofirmer ces informations.
Cette réorganisation, qui, bien qu’effective depuis quatre mois, reste non officielle, est plutôt bien accueillie des partenaires (pour autant qu’ils soient au courant). « Désormais la direction française va pouvoir arbitrer pour éviter que les business units opérateurs ne se fassent la guerre pour remporter une affaire déjà gagnée pour RIM », témoigne l’un d’eux. « Cela risque toutefois d’agacer les opérateurs qui ne supportent pas le win-back », remarque un autre.
Cibler le grand public pour mieux diffuser en entreprises
« En fait, ce changement d’organisation se justifie par le besoin que ressent RIM de communiquer de manière indépendante des opérateurs, explique un observateur qui les connaît bien. Notamment sur les marchés grand public ». Imitant en cela Apple, RIM mise en effet désormais sur le grand public, et particulièrement les jeunes, pour consolider ses parts de marchés dans les entreprises. « En mettant un blackberry entre les mains du plus grand nombre, RIM espère que son terminal se diffusera plus largement en entreprises. Notamment dans les petites entreprises. C’est la raison d’être de son fameux Blackberry Enterprise Server (BES) Express, version simplifiée de son serveur d’entreprise », explique notre observateur.
Mais la partie n’est pas gagnée d’avance sur ce segment de marché. Autant, la pénétration du Blackberry reste forte dans les moyens et grands comptes en raison des fonctionnalités de sécurité et de gestion qu’il embarque, ce qu’attestent les partenaires, autant elle est faible dans les PME, selon notre observateur.
Les opérateurs à la manœuvre dans les PME
Officiellement, ce sont les opérateurs qui sont censés promouvoir la plate-forme RIM dans les PME. « En pratique ils ne disposent pas d’équipes formées, notamment pour déployer BES Express, confie notre connaisseur. Sans parler du support qui n’est toujours pas entièrement localisé. Ainsi RIM France n’assure pas ni ne finance de hotline. » En somme, il reste de nombreux trous dans la raquette.
Quant à l’écosystème partenaires local, qu’il s’agisse d’éditeurs ou d’intégrateurs, il apparaît pour le moins distendu. Il existe bien un programme alliance mais il n’est apparemment pas géré depuis la France. Les rares partenaires à en faire partie le qualifient de « très pauvre » et s’estiment peu ou pas suivis. Là encore la doctrine est de laisser la main aux opérateurs qui ont d’autres chats à fouetter.
Des relations partenaires distendues
Il suffi d’ailleurs d’aller sur le site de RIM France pour achever de se convaincre du peu de cas que la société fait de ses partenaires. S’il existe bien un onglet partenaires, celui-ci ne débouche sur rien. Et il nous a été impossible d’accéder à une version française de l’App World (équivalent de l’App Store).
Précisons que Channelnews a demandé à plusieurs reprises au cours des deux dernières années à entrer en contact avec un porte-parole de la société pour se faire présenter la stratégie partenaires sans jamais avoir de retour. « RIM a toujours eu pour stratégie de tout faire lui-même et je ne suis pas sûr que ce soit dans sa culture de travailler avec des partenaires », conclut l’un d’eux.