À l’occasion de la publication des résultats du groupe, Gaël Menu, directeur général de SCC France, dresse le bilan de l’année écoulée et trace les perspectives de développement pour la filiale française, qui représente désormais près des trois quarts du chiffre d’affaires groupe.
Channelnews : SCC a publié récemment ses résultats 2024. Que faut-il en retenir pour la filiale française ?
Gaël Menu : L’année 2024 a été excellente. Nous avons réalisé 2,925 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 7,2 % par rapport à 2023, et 58 millions d’euros de résultat d’exploitation, en progression de 5,4 %. La croissance est portée par la distribution et aussi par les services, qui progressent de 9 %. Cette dynamique est liée à deux événements majeurs : notre partenariat avec les Jeux olympiques de Paris 2024, sur lesquels nous avons déployé de nombreux services, le gain d’un grand nombre de nouveaux contrats d’ETI, et renouvellement du contrat Safran. En 2024, on a clairement surperformé le marché français, et ce pour la cinquième année consécutive.
Channelnews : Vous avez annoncé une feuille de route ambitieuse à l’horizon 2031. Quels en sont les grands axes ?
Gaël Menu : Nous finalisons actuellement notre nouveau plan stratégique qui succédera à notre plan actuel UpScale 2020-2025. Il couvrira la période 2026-2031 et vise à porter notre chiffre d’affaires à 4,5 milliards d’euros, soit une croissance de 50 % en cinq ans. L’objectif le plus structurant concerne les services, qui doivent passer de 230 millions à 500 millions d’euros. Un volume de services qui nous placerait dans le Top 5 à 7 des grandes ESN françaises et qui implique de recruter massivement dans les deux-trois prochaines années. De 1 600 collaborateurs actuellement, nous devrions passer à 3 200, voire 3 500 à terme. Côté distribution, nous visons 4 milliards d’euros, contre 2,7 milliards aujourd’hui.
Channelnews : Quelles sont vos priorités en termes de développement ?
Gaël Menu : Notre objectif est nous développer fortement dans le secteur privé, qui ne représente que 37 % de notre activité contre 63 % pour le public. Nous voulons tendre vers un équilibre 50-50 en développant notamment notre présence auprès des grandes ETI régionales. On va également continuer à se développer sur les services managés autour du digital workplace et des infrastructures, notamment sur le geste de proximité. Nous observons que les grands intégrateurs type Accenture, Capgemini, Sopra, etc. font de moins en moins de geste de proximité autour du digital workplace et surtout qu’ils n’ont parfois plus de service desk en France parce qu’ils ont tout outsourcé en Inde ou ailleurs. Or c’est un créneau sur lequel on est bon sur le territoire national. On a un gros centre de services à Valencienne qui fait de la prise d’appels. Le fait d’être un groupe familial non coté nous offre un avantage en nous donnant plus latitude pour prendre des dossiers n’atteignant pas les ratios de profitabilité auxquels ces grands groupes cotés doivent se conformer. Mieux, face à des clients demandant de plus en plus que les personnes externalisées soient issues de l’espace Schengen, ces grands acteurs se retrouvent à ne plus pouvoir répondre à nombre d’appels d’offre et se tournent vers nous pour répondre conjointement ou développer des offres communes. Nous avons ainsi démarré un partenariat avec Capgemini il y a douze mois et nous sommes en discussion avec d’autres grands intégrateurs.
Channelnews : Au-delà de ces services traditionnels, avez-vous d’autres offres de services en gestation ?
Gaël Menu : il y a toujours les services de move to Cloud. Mais le gros des migrations est en train de passer. Ça devient du récurrent. Aujourd’hui, là où on se doit d’aider nos clients, c’est bien évidemment autour de l’intelligence artificielle. En tant que premier fournisseur de logiciels en France avec 1,8 milliards de facturations par an, on a choisi de se concentrer sur un nombre limité de grands éditeurs (Microsoft, IBM, ServiceNow…) qui ont une vraie valeur ajoutée autour de l’intelligence artificielle. Nous avons plus particulièrement vocation à accompagner les entreprises dans l’orchestration de leurs agents IA via le déploiement des supers schedulers de ces éditeurs. Nous n’allons pas chercher à créer nos propres agents pour le compte de nos clients, mais nous allons plutôt faire en sorte de les implémenter, de les piloter et de les optimiser. Autre brique services qu’on s’apprête à développer fortement : la cybersécurité. On va essayer de s’inspirer des percées de nos homologues britanniques dans les salles de haute sécurité de type “TLP Red” pour le compte de gouvernements et de ministères. Nous étudions la faisabilité en France de telles infrastructures offrant des capacités de traçabilité renforcées et recensons les clients qui pourraient être intéressés par ce type d’approche, notamment dans le monde de la Défense. On fait déjà beaucoup de résilience pour le compte de nos clients finaux maintenant en leur donnant la possibilité d’avoir des salles déportées chez nous. Mais là, il s’agit d’aller plus loin.
Channelnews : Est-ce que la souveraineté numérique est une préoccupation pour vos clients ?
Gaël Menu : Oui et cela fait l’objet de plusieurs initiatives stratégiques de SCC. La première repose sur Atrium notre marketplace interne multicloud. Lancée il y a deux ans, celle-ci est née initialement de notre volonté d’aider les clients à contractualiser avec des éditeurs hors d’Europe. Elle permet à nos clients – publics ou privés – de souscrire aux marketplaces des hyperscalers (AWS, Azure, GCP) sur la base d’un contrat rédigé en droit européen, SCC agissant comme tiers de confiance. Mais depuis peu nous proposons aussi les offres souveraines d’éditeurs français et européens. Nous avons aujourd’hui plus de 5 000 éditeurs référencés, dont de nombreuses start-ups françaises. En complément, nous nous apprêtons à dévoiler lors du Salon des maires en novembre un portail d’aide au choix développé avec l’UGAP qui permettra à un acheteur public d’identifier les alternatives souveraines aux solutions étrangères. La plateforme sera capable de surveiller dans le temps l’évolution du capital et de l’actionnariat de chaque éditeur afin de s’assurer de sa conformité aux critères de la souveraineté.