Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises impliquées dans les métiers de la fibre optique (bureaux d’études, opérateurs, intégrateurs télécoms, équipementiers, fournisseurs de services…) et qu’est ce qui pourrait les aider concrètement à se relancer ? Telles sont les questions que s’est posée la fédération InfraNum, qui regroupe 210 entreprises de cette filière dite des « infrastructures du numérique ». Pour y répondre, InfraNum a diligenté via les cabinets de conseil EY et Tactis une enquête auprès de ses membres, qui a été réalisée entre le 14 et le 27 mai 2020. Les résultats, qui s’appuient sur une centaine de réponses (et une cinquantaine d’entretiens), ont été présentés ce 15 juin.

Premier enseignement, les entreprises de la filière ont perdu en moyenne 36% de leur chiffre d’affaires pendant la période du confinement. Cette baisse d’activité a généré des problèmes de trésorerie chez 30% des entreprises interrogées. Leur situation s’est à ce point dégradée que 11% d’entre elles envisagent des licenciements dans les six mois. Un comble pour une filière qui rencontrait plutôt des difficultés à répondre à la demande avant la crise.

Autre impact immédiat du confinement : le retard pris dans le déploiement des prises fibre. Les déploiements fixes et mobiles sont tombés à 40 à 50% de leur rythme initial pendant le confinement. Depuis le 11 mai, ils sont remontés à 75% et ils devraient atteindre 90% à partir de septembre. Les auteurs de l’étude estiment ainsi qu’environ un million de prises ne seront pas installées cette année. Au lieu des 5,3 millions de prises anticipées, les déploiements ne devraient pas dépasser les 4,3 millions de prises, soit un niveau inférieur à celui de 2019.

EY et Tactis ont également mis en avant des surcoûts liés aux mesures de protection des personnels (désinfection des outils, augmentation surface vestiaires, dédoublement des matériels et des véhicules…), à l’augmentation des délais d’obtention des autorisations et à la perte de productivité des chantiers. Pendant le confinement, les auteurs évaluent les surcoûts des prises à environ 20% (fourchette comprise entre 17% et 23%). Pendant la phase de reprise (actuelle), ces surcoûts devraient être ramenés à environ 14% (11% à 17%) mais ils devraient persister au-delà de septembre autour de 6% (entre 4% et 8%).

L’étude fait enfin émerger une série de propositions concrètes pour relancer l’activité et tenter de combler en partie le retard accumulé. La fédération InfraNum propose notamment « d’activer des “niches” de gains d’efficacité non couvertes par la loi ELAN […] ; de mettre en place des actions « coup de poing » dès cet été pour reconstituer l’outil de production nécessaire à la poursuite du déploiement fibre et au raccordement ; d’étudier […] des mesures d’allègement de charges prises par l’Etat et de soutenir financièrement les acteurs de la filière […] ».