Avec près de 7 milliards d’euros engagés, le numérique occupe une place de choix au sein du plan de relance de 100 milliards annoncé aujourd’hui par le gouvernement. Ce dernier considère en effet le secteur comme stratégique, essentiel pour l’avenir du pays.

Dans le détail, 2,4 milliards d’euros seront consacrés à la souveraineté technologique française (via des investissements dans des domaines tels que l’informatique quantique, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, le Cloud, la santé numérique, etc.). 2,3 milliards iront à l’accélération la transition numérique des entreprises et de l’Etat (sécurisation des infrastructures, numérisation du système de santé, etc.). 1,3 milliard sera affecté au développement des start-up (via des aides à l’innovation apportées dans le cadre du Programme des investissement d’avenir et des participations à des levées de fonds). 300 M€ seront employés à la formation aux métiers du numérique. Enfin, 240 M€ iront à l’effort de financement nécessaire pour achever la couverture de 100% du territoire en fibre optique à l’horizon 2025, nouvel objectif affiché du gouvernement (qui s’ajoute à celui de 80% du territoire couvert à l’horizon 2023).

Cette dernière annonce a été saluée par la fédération InfraNum (qui regroupe les entreprises œuvrant à l’équipement du pays en infrastructures de communication). Dans un communiqué, elle s’est réjouie du « signal fort » envoyé au secteur, se félicitant au passage des « mesures en matière d’emploi et de formation, notamment à destination des jeunes », de l’enveloppe de 400 millions d’euros prévue pour soutenir la transformation numérique des entreprises, et de l’annonce de la transposition dans le droit français du Code européen des communications électroniques, instituant la fibre optique comme « service universel », au même titre que l’eau ou l’électricité.

« Les 240 millions d’euros supplémentaires permettent de s’approcher sensiblement de l’enveloppe budgétaire relative aux besoins estimés (680 millions d’euros) pour déployer les 3 millions de prises qui ne sont aujourd’hui dans aucun projet d’aménagement numérique. Grâce à eux, nous serons donc à 550 millions d’euros budgétés. Et avec l’annonce historique de la création d’un nouveau service universel, celui de la fibre, nous sommes confiants dans la volonté commune de réussir le plus grand chantier de France depuis des décennies et de maintenir notre pays en tête des nations européennes en matière de déploiement numérique » a souligné Etienne Dugas, Président InfraNum.

Mais la fédération n’a pas manqué d’observer que la création de ce nouveau droit fondamental à la fibre optique posait de nouvelles questions, notamment celle de la « mise en place de son financement pérenne ». InfraNum a également souligné à propos des mesures en faveur de l’emploi et de la formation que « dans le secteur du numérique et de la fibre, la difficulté ne réside pas tant dans l’offre mais plutôt dans la demande d’emploi. Si les entreprises ne trouvent pas la main d’œuvre nécessaire, nous pourrons avoir tous les financements et faire tous les efforts possibles par ailleurs, nous ne tiendrons pas les objectifs de déploiement ».

De fait, seul un foyer sur deux (soit environ 20 millions de ménages et entreprises) est actuellement éligible à la fibre (source Arcep à fin mars 2020). Et les déploiements ont pris du retard cette année à cause du confinement.

Bonne nouvelle toutefois : l’engouement pour la fibre constaté depuis le confinement semble se confirmer semaine après semaine. À l’instar de ses concurrents Orange, SFR et Bouygues, Free a annoncé aujourd’hui avoir gagné un nombre record (243.000) de nouveaux abonnés fibre au cours du deuxième trimestre – coiffant au poteau Orange, le numéro un du marché, qui n’en a recruté que 238.000 sur la même période, rappellent LesEchos. Une dynamique de bon augure qui a poussé Free à revoir ses objectifs à la hausse pour cette année (à 2,8 millions de clients fibre contre 2 millions initialement prévus).