La famille Grivel, détentrice de l’éditeur et hébergeur de données lyonnais Ciril Group, a accepté la proposition d’acquisition de Carlyle le 1er août 2025 pour la somme de 525 millions d’euros, à l’issu d’une vente aux enchères auxquels participaient également des fonds français, selon L’Informé.
Ce rachat de Ciril Group par un fonds d’investissement étatsunien inquiète le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique. En effet, le groupe basé à Villeurbanne est certifié ISO 27001 et HDS pour l’hébergement de données de santé à caractère personnel. Fondé en 1978 et fort de 500 salarié·e·s, 10 bureaux en France et 63 millions d’euros de chiffres d’affaire en 2023, il opère un cloud souverain et traite de données sensibles de la population française en termes de santé, de finances publiques et de services publics. Or, le fonds Carlyle est sous la coupe du Cloud Act : l’administration Trump pourrait donc lui demander – et obtenir – un accès à ces données critiques.
L’alerte auprès de Bercy a été lancée par la députée française Sophia Chikirou : « Laisser se concrétiser une telle acquisition, en dépit des risques évidents pour la souveraineté numérique et la sécurité des données sensibles, pourrait constituer un manquement grave à l’exercice des fonctions de M. le ministre et relever, le cas échéant, d’une mise en cause devant la Haute Cour ».
Selon le rapport annuel 2024 sur le contrôle des investissements étrangers en France, l’Etat a validé 182 rachats d’entreprises sensibles par des acteurs étrangers sur 392 demandes l’an dernier. 99 de ces autorisations étaient « assorties de conditions de nature à préserver les intérêts nationaux », selon Bercy.
Le Service de l’information stratégique et de sécurité économique (Sisse) de Bercy mène l’enquête et rendra ses conclusions le mois prochain. D’après L’Informé, une prise de participation de Bpifrance aux côtés de Carlyle est envisagée. Affaire à suivre.