Cela restera sans doute dans les anales de l’industrie des télécoms comme l’un des plus fameuse  faillites, celle qui provoqua la perte de Nortel. Un peu plus de deux ans après, alors que la société a été dépecée

et ses actifs dispersés chez plusieurs acteurs des TIC (Apple, Microsoft, Avaya, Sony, RIM, Ericsson, Ciena…), la justice canadienne demande des comptes à trois anciens dirigeants de l’équipementier. De 2001 à 2003, Frank Dunn, alors CEO de l’entreprise, le directeur financier, Douglas Beatty et le contrôleur de gestion Michael  Gollogly maquillèrent les comptes. Ainsi, le quatrième trimestre 2002, pourtant très légèrement bénéficiaire fut déclaré déficitaire. En revanche, les deux premiers trimestres de 2003, en réalité dans le rouge, se retrouvèrent miraculeusement positifs générant 75 millions de dollars de bonus distribués aux dirigeants, dont 3,6 millions de dollars allèrent dans les poches de Frank Dunn. L’entreprise avait en effet fait miroiter des primes au management dans le cas où l’entreprise redeviendrait rentable.

La découverte du pot aux roses déclencha le licenciement du trio en avril 2004. De même les commissaires aux comptes, Deloitte& Touch, furent remerciés et remplacés par KPMG. Rien ne permet de dire que le cabinet Deloitte était au courant des manipulations. On peut toutefois lui reprocher une certaine légèreté. Mais avait-il les moyens de mettre en doute un client qui représentait, aux dires de certains analystes, 34% de son chiffre d’affaires ?

Le scandale eut d’autre effets, beaucoup plus dévastateurs pour l’entreprise : la chute des cours, des enquêtes des autorités américaine et canadienne, la perte de confiance des clients, les plaintes des investisseurs et le réexamen de plusieurs exercices comptables, des évènements ayant pour effet de distraire  la nouvelle équipe en place de ses tâches de management. La société a de plus été obligée de verser 2 milliards de dollars aux actionnaires lésés. La faillite semblait donc inévitable, malgré l’arrivée aux commandes de Mike Zafirovski, un ancien de Mtorola, attendu comme le messie.
Arrêtés par la police canadienne en juin 2008, Frank Dunn, Douglas Beatty et Michael  Gollogly risquent 14 ans de prison, au terme d’un procès qui représente pas moins de 4 millions de documents, dont plusieurs centaines milliers d’emails.

Interrogés par le New York Times, les avocats de Douglas Beatty et Michael  Gollogly, on estimé que leurs clients étaient innocents. L’avocat de  Frank Dunn était quant à lui aux abonnés absents.