Le secteur des services informatiques connaît une croissance annuelle de 3,6 % depuis 2000, est structuré autour de groupes et faiblement concentré, dispensent des salaires élevés, emploie peu de femmes et majoritairement sous contrôle de sociétés françaises.

Telle est la fiche d’identité du secteur des ESN en France que vient de publier l’Insee dans une note de sa série Insee Première (Les sociétés de services informatiques sont toujours en vive expansion). En 2016, le secteur de la programmation, du conseil et des autres activités informatiques sur mesure (hors édition de logiciels) emploie 370 000 salariés. Il réalise un chiffre d’affaires de 61,7 milliards d’euros.

Mais le secteur est également caractérisé par un taux de marge relativement bas : 15 %, contre 24 % pour l’ensemble du secteur tertiaire marchand non financier. Les services informatiques requièrent essentiellement une main d’œuvre très qualifiée. De fait, le secteur investit moins que d’autres secteurs à haute technologie (le quart de la valeur ajoutée, contre la moitié pour les télécommunications et l’architecture-ingénierie) ; le besoin de financement des entreprises y est donc moindre.

Ce secteur fait également largement appel à la sous-traitance. En 2016, près de 75 % ESN du secteur externalisent tout ou partie de leurs activités en France ou à l’étranger. Cette proportion est nettement plus élevée que dans l’ensemble du secteur tertiaire marchand non financier (56 %). Le montant de la sous-traitance confiée s’élève à 13,1 milliards d’euros, soit 23 % du chiffre d’affaires du secteur (9 % pour le tertiaire marchand non financier).

Les groupes largement majoritaires

Les groupes jouent un rôle prépondérant puisque leurs 5 300 filiales informatiques représentent 84 % du chiffre d’affaires et 81 % des effectifs du secteur des services informatiques. La concentration est modérée : en particulier, les vingt principaux pôles informatiques totalisent 38 % du chiffre d’affaires du secteur et 31 % de ses effectifs.

En 2016, les groupes sous contrôle français réalisent 60 % du chiffre d’affaires du secteur, contre 44 % en 2008. Cette nette progression s’est faite au détriment des groupes étrangers, mais aussi des entreprises indépendantes françaises. Les groupes étrangers détenant des filiales informatiques en France sont principalement originaires de l’Union européenne (UE) (7,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires), devant les États-Unis (4,9 milliards d’euros).

En 2015, les groupes français emploient 290 000 collaborateurs et réalisent un chiffre d’affaires total de 30,7 milliards d’euros. Par ailleurs, 84 % de ces ventes sont opérées par des filiales de grandes entreprises. Celles-ci privilégient l’implantation de filiales locales aux exportations pour leur activité à l’étranger, contrairement aux ETI.

L’activité de ces filiales étrangères s’accroît de 48 % entre 2011 et 2015 et leur effectif salarié de 44 %. Leur principale zone d’implantation est l’Union européenne, notamment le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas. L’UE concentre 62 % du chiffre d’affaires et 41 % des effectifs salariés de ces filiales.

Hors UE, les filiales installées aux États-Unis réalisent le chiffre d’affaires le plus élevé (18 % du total des filiales étrangères). En 2015, 107 000 salariés (+ 128 % par rapport à 2011) sont employés en Inde dans des filiales de groupes informatiques français, soit 37 % des effectifs des filiales étrangères. Par ailleurs, plus de 80 % de l’activité réalisée par ces unités indiennes est destinée à d’autres filiales du groupe. En effet, dans ce pays, de nombreuses unités de sous-traitance ne vendent pas leur production sur le marché local ou international. Au total, 26 % des flux commerciaux intra-groupes de l’ensemble des filiales étrangères des groupes français informatiques proviennent d’Inde.

Des salariés très qualifiés, mais à peine un quart de femmes

Les salariés du secteur des services informatiques sont très qualifiés : les cadres constituent 75 % des effectifs (18 % en moyenne pour le tertiaire principalement marchand). Les autres postes sont occupés par des techniciens (17 %) et des employés (8 %). Les hommes représentent 75 % des effectifs du secteur, une proportion relativement stable depuis 2009.

En 2015, 41 % des emplois d’informaticiens, et notamment 48 % des emplois de cadres, sont employés par le secteur des services informatiques à façon. Mais la plupart d’entre eux travaillent le plus souvent en tant que prestataires sur place pour des clients non informaticiens.

Les ventes des ESN allemandes sont le double des françaises

En 2015, la France génère 10 % du chiffre d’affaires du secteur des services informatiques au sein de l’Union européenne (UE) et emploie 11 % des effectifs. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont les deux acteurs dominants : ces deux pays totalisent 42 % des ventes et 39 % des effectifs de l’UE.

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