La pandémie de coronavirus et le télétravail de masse qu’elle a provoqué ont dopé les ventes de matériel de cybersécurité au premier trimestre rapporte Canalys. L’investissement total a progressé de 9,7% pour atteindre 10,4 milliards de dollars, consacrés à la sécurité du réseau, la sécurité des terminaux, la sécurité du Web et des e-mails, la sécurité des données et l’analyse de la vulnérabilité et de la sécurité.
La demande a essentiellement profité à Cisco qui s’arroge la première place du top 5 des fournisseurs avec une part de marché de 9,1%. Palo Alto Networks est resté son principal concurrent, avec une part de marché de 7,8%. Fortinet a poursuivi sur sa lancée et porté sa part à 5,9% devançant Check Point qui détient 5,4% du marché. Symantec complétait le classement avec une part de marché de 4,7%.
Pour Canalys, la croissance de la cybersécurité sera sous pression alors que les budgets informatiques sont réévalués pour tenir compte des mauvaises conditions économiques, ceci malgré la nécessité impérieuse de protéger les actifs de données, les opérations et les salariés des entreprises contre les menaces et les vulnérabilités croissantes. Le cabinet d’analyse s’attend à un ralentissement de la croissance des investissements soit même à son arrêt complet.
«Le passage sans précédent au travail à distance depuis mars a entraîné une forte demande de sécurité des terminaux pour protéger les nouveaux ordinateurs portables déployés par l’entreprise, ainsi que les appareils appartenant aux consommateurs utilisés dans le cadre des mesures de continuité des activités», indique dans un communiqué Matthew Ball, analyste en chef de Canalys. « Les expéditions de sécurité des terminaux ont augmenté de 16,9% pour représenter 15,4% du marché total de la cybersécurité. Cette forte croissance s’est poursuivie au deuxième trimestre, un plus grand nombre de pays ayant mis en œuvre des mesures de verrouillage. Mais la sécurité des réseaux n’a augmenté que de 4,0%, car l’activité des appliances matérielles a, pour certains fournisseurs, été affectée par les contraintes de la chaîne d’approvisionnement. En outre, de nombreuses organisations ont pu soit mieux utiliser l’accès réseau existant grâce à des engagements de service, soit augmenter la capacité grâce à des licences supplémentaires plutôt que de construire une nouvelle infrastructure de sécurité réseau. La sécurité du Web et des e-mails a progressé de 13,8% en un an, les entreprises continuant à développer l’usage des services basés sur le cloud et des applications SaaS telles qu’Office 365. »
Les fournisseurs de cybersécurité ont réagi rapidement à la crise, permettant aux organisations de sécuriser temporairement de nouveaux travailleurs à distance et de leur redonner visibilité et contrôle après que de nombreux collaborateurs aient contourné les politiques de sécurité pour assurer la continuité des opérations. Cisco a étendu les licences gratuites pour ses produits Umbrella, Duo Security et AnyConnect Secure Mobility Client aux clients existants et nouveaux. La firme de San Jose a également annoncé un programme de résilience des entreprises de 2,5 milliards de dollars pour maintenir sa clientèle en bonne santé. Palo Alto Networks a de son côté mobilisé sa branche des services financiers pour offrir des conditions de paiement étendues, en plus des essais gratuits de 90 jours pour ses offres GlobalProtect. Juniper Networks a proposé des essais gratuits de son vSRX, d’AppSec, d’IPS et de SecIntel. Bitdefender a orienté son offre d’accès gratuit de 12 mois vers les établissements de santé, tandis que Kaspersky a également mis gratuitement à la disposition du secteur ses offres Endpoint Security et Hybrid Cloud Security. Trend Micro a fourni son produit Maximum Security gratuitement pendant six mois aux travailleurs utilisant leurs propres équipements. Enfin, McAfee a proposé des licences en rafale de trois mois à court terme pour ses produits de protection des points d’accès, DLP, Unified Cloud Edge et CASB.
Selon Canalys, les taux de croissance dont bénéficient les fournisseurs devraient toutefois ralentir pour le reste de l’année et ce jusqu’en 2021, à l’exception de certains secteurs qui tireront leur épingle du jeu à mesure que les essais gratuits expireront et que les clients passeront à des offres payantes. Les grands projets sont déjà réexaminés, ce qui entraîne des retards, tandis que la demande des PME a chuté à partir du milieu du deuxième trimestre. La réduction des versements initiaux pour les contrats pluriannuels sera un autre élément à prendre en compte au cours des deux prochains trimestres, bien que de nombreux fournisseurs aient déjà transféré une grande partie de leur activité vers des offres d’abonnement plus prévisibles.