Au lendemain de la publication de ses résultats annuels, Philippe Donche-Gay, le président du conseil d’administration de SQLI, a accepté de commenter pour Channelnews les faits saillants de l’année écoulée.

Channelnews : SQLI vient de publier ses résultats préliminaires pour l’exercice 2020 et ils montrent que si l’activité internationale – qui représente 46% des revenus – s’est bien comportée avec une hausse de 12,2% sur l’année, l’activité en France a beaucoup souffert, accusant un recul 23,9% à 115,0 M€ (137 M€ en 2019). Comment s’explique ce recul si marqué ?

Philippe Donche-Gay : Il y a des aspects liés au Covid et d’autres non. Notre agence toulousaine par exemple était très exposée à l’aéronautique et a compté pour une part non négligeable dans cette décrue de l’activité en France. Néanmoins, les activités liées au développement de plateformes e-commerce, au cœur de la stratégie du groupe, ont continué à bien fonctionner pendant la crise. On a signé de nouveaux contrats et de nouvelles références. SQLI dispose d’une vraie expertise sur ces activités dites de plateformes d’expérience digitale qui mêlent design et réalisation technique. Elles représentent l’essentiel des revenus à l’international mais ne comptent que pour 20% du chiffre d’affaires France. Les 80% restants sont constitués de prestations plus traditionnelles inhérentes au métier d’ESN. Parmi elles, de l’assistance technique dite unitaire (experts placés à l’unité) mais aussi beaucoup de projets de toute sorte. Ce sont ces activités, qui avaient connu une belle croissance tant que le marché était porteur mais que nous ne mettions pas en avant, qui ont le plus souffert. La stratégie du groupe étant de se focaliser sur le développement de sites marchands et collaboratifs, ces activités avaient déjà tendance à ralentir avant. La crise sanitaire a accéléré le mouvement. Notamment pour l’’assistance technique unitaire, qui s’est effondrée.

Channelnews : Dans ce contexte, n’êtes-vous pas contraint de réadapter votre stratégie ?

Philippe Donche-Gay : Non. La stratégique reste d’être identifié comme un acteur européen majeur dans le développement de plateformes de commerce électronique transactionnelles. C’est un axe pertinent, qui a été exécuté avec succès jusqu’à présent, notamment à travers l’expansion de ces dernières années à l’international. Et la crise a renforcé la pertinence voire la nécessité pour les entreprises de s’appuyer sur les canaux digitaux et des sites transactionnels. De même la crise sanitaire a rendu inéluctables les projets de digital workplace (environnements de travail digitaux). Autant de sujets faisant appel à des compétences que nous maîtrisons intimement. La crise a en définitive relégitimé notre expertise sur les plateformes d’expérience digitale.

Channelnews : Alors pourquoi le directeur général Didier Fauque, qui incarnait ce virage réussi vers l’expérience digitale, a quitté subitement ses fonctions à la fin du troisième trimestre ?

Philippe Donche-Gay : Le différend stratégique et opérationnel entre le conseil d’administration et Didier Fauque est venu de ces activités représentant 80% des revenus en France mais dont l’ancrage stratégique est moins fort. Ces activités ne sont pas rentables. Faut-il pour autant les arrêter ou s’en séparer ? L’activité d’assistance technique unitaire n’est clairement pas stratégique. Mais ma conviction c’est que les autres activités restent cœur de métier. Certes, elles ne sont pas strictement orientées expérience utilisateur et e-commerce. Il s’agit par exemple de projets de refonte d’applications Web, de mise place de web factories, de conception et de gestion de cartes privatives…  Elles sont souvent plus orientées back office que front office. Mais, au final, elles sont partie intégrante de cette stratégie de plateformes d’expérience digitales. On peut nous reprocher de nous être un peu laissé aller avant la crise et nous payons aujourd’hui ce manque de concentration. Mais cette expertise dans le design de sites d’expérience digitale et leur intégration industrialisée, c’est réellement le socle sur la base duquel on peut repartir aujourd’hui.

Channelnews : Comment comptez-vous vous y prendre pour relancer l’activité ?

Channelnews : En remobilisant le corps commercial et en reprenant les recrutements. Une bonne partie de la décroissance a été absorbée par la réduction de la sous-traitance mais nous avons quand même perdu 100 à 150 personnes [sur 2.100]. Nous misons clairement sur un retour à la croissance au second semestre. Pour y parvenir, nous devons accroître notre capacité de production et donc recruter. C’est d’autant plus indispensable que le marché du recrutement reste extrêmement tendu et qu’avec la reprise, l’attrition – qui était descendu à moins de 15% – risque de remonter.

Channelnews : De quels profils avez-vous besoin en priorité ?

Philippe Donche-Gay : Nous recrutons des ressources commerciales, ayant si possible des compétences métier fortes et la capacité à concevoir des projets ; des designers UX/UI pour la conception des interfaces utilisateurs ; des experts techniques certifiés sur les plateformes de gestion e-commerce les plus diffusées (SAP Hybris, Adobe Magento, Salesforce, Oracle Commerce…) et sur les technologies open source ; et des coachs agiles en renfort des projets…

Channelnews : Comment vous y prenez-vous pour recruter et fidéliser vos collaborateurs ?

Philippe Donche-Gay : Nous avions lancé des programmes ambitieux dès 2018, à l’époque pour corriger un turnover qui s’était emballé. Nous avions investi dans de nouveaux locaux et des outils de collaboration pour proposer un environnement de travail valorisant. Nous avions mis en place des processus RH pour s’assurer que les managers n’oublient pas leurs collaborateurs quand ils partent en projets. Tout un arsenal d’outils et de programmes qui sont toujours en place aujourd’hui. Et bien-sûr, le plus important est de montrer que l’on reprend le chemin de la croissance et que les collaborateurs auront des projets intéressants en rejoignant ou en restant chez SQLI.