Chris Webb, directeur général de Computacenter France, explique pourquoi il compte embaucher trois cents personnes cette année. Il confirme n’être pas intéressé par les infrastructures d’Ares.
Channelnews : Alors qu’Ares vient de mettre en vente son activité infrastructures, avez-vous été tenté d’en acquérir une partie voire la totalité ?
Chris Webb : Non. Ce rachat aurait été trop énorme pour nous. Je ne suis pas surpris qu’Ares ne nous ait pas appelés. Nous n’avons pas de stratégie avérée de croissance externe. Pour autant, nous n’excluons pas de réaliser des acquisitions ciblées d’entreprises de plus petite taille. L’enjeu pour nous n’est pas de faire croître le chiffre d’affaires mais d’augmenter la profitabilité et de recruter les bonnes personnes pour cela.
Channelnews : Précisément, vous avez annoncé trois cents embauches cette année, soit un taux de recrutement bien supérieur à celui de votre turn over (12% ndlr). Sachant que votre effectif était plutôt en recul jusqu’à l’année dernière, comment doit-on comprendre ce revirement ?
Chris Webb : C’est vrai que nous avons consacré ces trois dernières années à réduire nos coûts, notamment en diminuant les équipes affectées aux fonctions et services non facturés aux clients. L’effectif est ainsi revenu de 1500 personnes en 2001 à 1100 personnes environ aujourd’hui. Mais parallèlement à cela, nos clients sont en demande d’experts qui les accompagnent dans leur réflexion et leurs déploiements réseaux, stockage, serveurs… Pour cela, nous avons besoin d’architectes, de chefs de projet et d’ingénieurs spécialisés dans ces domaines. Nous disposons déjà d’une petite trentaine de consultants facturables mais nous en aurions besoin de deux fois plus. Au-delà des consultants, nous recrutons également des techniciens et des hotliners car nous nous développons dans les services de help desk et l’infogérance. Nous recherchons également des commerciaux et des administratifs. L’industrie doit comprendre que Computacenter offre de nombreuses opportunités d’emploi.
Channelnews : Cette évolution vers les services correspond-t-elle à un changement de cap ? Doit-on en déduire que vous pourriez, vous aussi, comme Ares, vous séparer de vos activités négoce et logistique ?
Chris Webb : Ce qui change, c’est que nos clients se soucient de moins en moins des postes de travail et qu’ils s’intéressent de plus en plus aux réseaux, aux applicatifs, aux serveurs, au stockage, à la virtualisation… Ainsi notre business grossit rapidement avec des fournisseurs tels que EMC, IBM ou VMware. Pour le reste, le modèle économique ne varie pas. Notre métier reste « l’account management ». Nous proposons à nos clients de nous occuper du cycle de vie de leurs infrastructures et nous essayons de faire correspondre leurs attentes avec notre offre de services. Certes, nous avons incontestablement souffert des baisses de prix et d’une trop grande dépendance vis-à-vis des fournisseurs ces dernières années. Pour autant, je n’imagine pas notre business sans entrepôt. Il s’agit juste de ne plus stocker et surtout de faire le maximum pour développer les services associés de conseil, de déploiement, de recyclage et de support que nos clients attendent.
Channelnews : Justement où en êtes-vous de votre offre de services ? Est-elle complète ?
Chris Webb : Notre offre de services, qui était déjà large, a tendance à gagner en profondeur. Ainsi, nous investissons de plus en plus en formation et nos collaborateurs passent de plus en plus de certifications, qu’elles soient orientées fournisseurs ou méthodes (telles que ITIL). Ces dernières années nous avons fait porter nos efforts sur nos services support. En complément de la maintenance, nous avons développé un service de helpdesk. C’est la dernière brique qui nous manquait encore pour proposer des contrats globaux d’infogérance, sur lesquels nous misons beaucoup. Quoiqu’encore peu développée par rapport à d’autres pays comme la Grande Bretagne ou l’Allemagne, cette activité infogérance est en passe de prendre son essor en France. Nous avons les compétences et l’organisation pour. Nous avons juste besoin de temps pour qu’elle grandisse et gagne en maturité.
Channelnews : Ressentez-vous les prémisses du ralentissement économique annoncé ?
Chris Webb : Non. Le premier trimestre a été moyen mais le deuxième a été très bon. Nous avons gagné de nouveaux clients et notre marge brute a progressé. Vous pourrez le vérifiez le 28 août prochain lors de la publication de nos résultats semestriels. Et je suis optimiste pour la deuxième partie de l’année qui est traditionnellement notre période d’activité la plus intense.