Lors du Sommet européen sur la souveraineté numérique à Berlin, le 18 novembre 2025, douze entreprises européennes du numérique se sont constituées en un consortium baptisé ESTIA (European Sovereign Tech Industry Alliance) : Dassault Systemes, Orange, OVHCloud, Airbus, Sopra Steria, Telecom Italia, Deutsche Telekom, Digital, Evroc, OpenNebula Systems, Post Luxembourg et Schwarz Digits.
Le lancement officiel de cette alliance est prévu pour début 2026. Objectif : coordonner les efforts industriels pour travailler avec les institutions européennes à renforcer la souveraineté numérique en matière de cloud. Pour mémoire, près de 90% des données européennes sont encore transférées hors de l’Union européenne, d’après le rapport Draghi.
Si les agences de cybersécurité française et allemande ont salué la publication du Cloud Sovereignty Framework (CSF) de la Commission européenne le 20 octobre dernier – une proposition de barème d’évaluation du niveau de souveraineté des offres cloud – d’aucuns trouvent l’outil opaque et déplorent qu’il ne prenne pas assez en compte les risques liés aux lois extraterritoriales.
A l’instar de la nouvelle Fondation Eurostack qui regroupe 300 entreprises européennes, les membres fondateurs d’ESTIA veulent établir une définition et un cadre juridique plus clair du cloud souverain et l’inscrire au sein du futur Cloud and AI Development Act (CAIDA).
ESTIA a signé un texte d’engagement baptisé European Sovereign Cloud Pledge qui vise à garantir la localisation des données et leur protection face aux lois extraterritoriales. L’alliance veut également obtenir une politique de préférence européenne dans la commande publique, ce qui correspond à la vision française mais pas à la vision allemande de la souveraineté.
Si la France et L’Allemagne n’ont pas tout à fait le même point de vue en matière de définition de la souveraineté, les deux pays restent toutefois d’accord sur le fait que l’Union européenne ne doit plus dépendre de la tech étatsunienne ou chinoise.