Première entreprise de distribution et de services numériques en France, SCC dresse un bilan positif de l’année écoulée. L’entreprise a maintenu un rythme de croissance supérieur à 5 % sur un marché en forte décélération. Pour Channelnews, son CEO revient sur les succès 2024 et livre ses prévisions pour 2025.

Channelnews : Vous venez d’achever le troisième trimestre fiscal de votre exercice 2025. Comment s’est portée l’activité de SCC France durant ces neuf premiers mois ?

Didier Lejeune : Sur ces 9 premiers mois, on est à environ 5 % de croissance. Ce qui n’est pas mal dans le contexte actuel. Parce que le marché n’est quand même pas très porteur.

Channelnews : Justement, comment vous voyez l’évolution du marché en 2025 ?

Didier Lejeune : Le marché ne sera pas extraordinaire. Les projets d’infrastructures continuent de souffrir de la migration en grand nombre des charges de travail vers le Cloud. Le point positif, c’est qu’il y aura des opportunités dans le Cloud et les services associés. Le marché des postes de travail est incertain. L’arrivée en fin de vie des machines vendues pendant la période Covid et l’arrêt du support sur Windows 10 incitent les analystes à l’optimisme. Mais on avait déjà des tendances assez positives pour 2024 qui ne se sont pas réalisées. À confirmer, donc. À l’inverse, le logiciel continue à croître fortement. Or cela représente une part importante de notre activité [environ 54 %]. En dépit de ce contexte tout sauf extraordinaire, je suis confiant sur le fait que SCC fera de la croissance en 2025. SCC a toujours crû plus vite que le marché. Je ne vois pas de raison que ça s’arrête. On a quand même gagné un certain nombre de marchés intéressants l’année dernière et on a fait un certain nombre de réponses importantes dont on aura les notifications en cours d’année.

Channelnews : Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Didier Lejeune : On a gagné des marchés importants avec des centrales d’achats. Par exemple, on a remporté le marché « Territoires de demain » qui est le marché villes intelligentes de l’UGAP. On a aussi remporté plusieurs marchés avec le Resah [Réseau des acheteurs hospitaliers], notamment sur des sujets de traçabilité dans les hôpitaux. Et on s’est fait référencer sur un certain nombre de grands comptes privés.

Dans le cadre du marché « Territoires de demain », on est en train de développer de nouvelles activités de type IoT, notamment autour de la gestion des bâtiments, de la gestion de l’énergie, de la gestion de la mobilité, de l’amélioration de la qualité de l’air, de la prévention des risques naturels. Autant de nouvelles opportunités de croissance pour SCC sur de nouveaux business porteurs et assez visibles au niveau politique, ces nouvelles solutions ayant vocation à améliorer la vie des citoyens.

Channelnews : Mais la ville intelligente ça fait quinze ans qu’on en parle et que ça ne décolle pas. Qu’est-ce qui vous fait penser que, cette fois, ça va prendre de l’ampleur ?

Didier Lejeune : Ça n’a pas été une explosion, je suis d’accord avec vous. Ça demande du temps. Mais je pense que ça répond à des problématiques importantes. On a répondu à 57 cas d’usage. Donc ça couvre un très grand nombre de facettes de ce que peut être la gestion d’une ville, d’un bâtiment ou autre.

Channelnews : Pouvez-vous citer quelques cas d’usage innovants développés par SCC ?

Didier Lejeune : Outre la traçabilité des équipements médicaux et du linge dans les hôpitaux, ou la gestion des parkings, on a déployé un projet pilote en Gironde visant à aider les pompiers à détecter précocement les départs de feu grâce à un système d’alerte basé sur l’IA.

Channelnews : Comment voyez-vous se développer le marché de l’intelligence artificielle?

Didier Lejeune : C’est un peu l’incertitude. Il y a beaucoup d’opinions contradictoires sur ce sujet. En 2024, on a déjà fait de gros projets d’infrastructures pour des sociétés qui proposent des services d’intelligence artificielle très puissants. Il y a beaucoup d’expérimentations chez les clients. Il faut encore que ça mûrisse. Mais il y aura certainement des opportunités que ce soit dans le domaine des infrastructures ou des postes de travail avec des processeurs intelligents. En 2025, nous envisageons d’investir dans nos propres infrastructures pour permettre à nos clients de faire leurs preuves de concept.

Channelnews : Vous avez récemment annoncé la remise à plat de l’organisation autour de trois divisions stratégiques : Entreprise Solution, Digital Workplace et Software. La première est dirigée par Loïc Guillaume, la seconde par Benoit Boucher, mais vous n’avez pas dévoilé l’identité de la personne qui dirigera la troisième ?

Didier Lejeune : Nous allons communiquer le nom du responsable dans quelques jours, car la personne arrivera début février.

Channelnews : Les entités Entreprise Solution, Digital Workplace et Software existaient avant la réorganisation. Qu’est-ce qui change finalement ?

Didier Lejeune : Les divisions existaient déjà, mais nous allons plus loin en regroupant les équipes produits et services. Par exemple, du côté Enterprise Solution, on regroupe notre organisation Hybrid IT, en charge du support de nos agences commerciales sur les solutions d’infrastructure, et nos différentes activités Cloud (notamment notre unité d’affaires Hyperscale, créée il y a deux ans, et les équipes issues du rachat de Flow Line en 2016). De même pour Digital Workplace, on rassemble et on intègre dans une seule division tout ce qui tourne autour de l’environnement utilisateur, qu’il s’agisse de matériel, de logiciel ou de services associés.

Channelnews : Vous avez annoncé en parallèle la mise en œuvre d’une plateforme d’achat et d’engagement client de nouvelle génération baptisée Atrium qui référence 3.500 partenaires.

Didier Lejeune : Oui, c’est une évolution de notre portail clients Hélios. Atrium va simplifier le processus d’achat en permettant aux clients d’interagir avec SCC dans tous ses domaines d’activité – que ce soit pour l’acquisition de matériels, de logiciels mais aussi pour la consommation de services clouds – avec un SSO et une expérience utilisateur uniques. SCC France est leader pour l’ensemble du groupe sur le sujet.

Channelnews : Cette plateforme est-elle déjà opérationnelle ?

Didier Lejeune : La partie logicielle est déjà prête. La partie consommation cloud – on pourra proposer les services des hyperscalers mais aussi des clouds souverains – sera livrée en mars. Le module de commande en ligne devrait l’être en juin.

Channelnews : vous avez indiqué avoir réalisé 200 recrutements en 2024. Quelles expertises avez-vous ciblé en priorité ?

Didier Lejeune : On a recruté pas mal autour de la virtualisation, du DevOps, de l’automation, de la cybersécurité et des technologies Microsoft.

Channelnews : Combien de personnes travaillent pour SCC France et quelle est l’évolution de l’effectif ?

Didier Lejeune : SCC compte environ 2.500 salariés en France. Mais il faut plutôt parler de 3.300 personnes en incluant les ressources en Roumanie et au Vietnam. L’effectif est resté assez stable en 2024.

Channelnews : Quel bilan (financier) faites-vous de votre implication en tant que fournisseur des JO ?

Didier Lejeune : C’était une expérience magnifique et un exploit technique et organisationnel. C’est quand même le projet le plus complexe qu’on ait jamais eu à gérer. Nous avons déployé 90.000 assets et géré plus de 250 sites. Cela nous a permis de renforcer notre expertise en sécurisation et déploiement de postes de travail. On est satisfait du retour financier qu’on a eu mais aussi en termes d’image chez nos clients, chez nos partenaires, et en termes de motivation de nos salariés. Ça a vraiment été une expérience super positive, le projet d’une carrière. Je suis extrêmement fier de ce qu’on a réalisé.

Channelnews : SCC France a annoncé un chiffre d’affaires de 2,75 milliards d’euros sur son exercice clos fin mars 2024 sur un chiffre d’affaires global groupe de 4,3 milliards d’euros. La France est donc la filiale dominante du groupe [d’origine britannique]. Est-ce nouveau ?

Didier Lejeune : Cela fait assez longtemps, mais l’écart se creuse de plus en plus grâce à notre belle performance sur le marché français.