Didier Lejeune, Pdg de SCC France, commente les bons chiffres de la filiale française du groupe de distribution et de services IT britannique au premier semestre et revient sur la transition de son activité vers le Cloud.

Channelnews : Vous venez de clôturer les résultats du premier semestre de l’exercice 2018-2019. Comment se porte l’activité de SCC France ?

Didier Lejeune : SCC France a enregistré une dynamique exceptionnelle au premier semestre sur tous ses métiers et sur toutes ses filiales. Nous avons bénéficié d’une croissance de 20% sur la distribution d’infrastructures et de logiciels et même de 25% sur l’environnement utilisateurs. Rien qu’en distribution, le demi-milliard de chiffre d’affaires a été dépassé sur cette première moitié de l’année. Les services progressent moins vite mais affichent tout de même sur un rythme de 7 à 8% de croissance. Nous avons une bonne traction notamment sur l’hyperconvergence avec Nutanix et les solutions innovantes de stockage et de sauvegarde de Pure Storage et Rubrik. Des partenaires récents mais sur lesquels nous avons investi en certification d’architectes et en formation des équipes commerciales.

Channelnews : Qu’est-ce qui explique cette forte croissance ?

Didier Lejeune : Il y a beaucoup de projets structurants de transformation digitale. Les clients français se rendent compte que ces projets sont clés pour leur futur et que, de surcroît, ils ont accumulé un certain retard en la matière. Nous avons également signé de gros projets de refonte d’infrastructures et de gros dossiers big data avec des grands comptes du CAC 40. Des clients qui avaient jusque-là tendance à privilégier l’approche directe avec les fournisseurs mais avec lesquels on est arrivé à développer une approche hétérogène en agrégeant les solutions de plusieurs fournisseurs afin de leur fournir la meilleure offre technologique. La nouveauté, c’est qu’on commence à développer cette approche hétérogène pour des solutions de cloud hybride.

Channelnews : C’est nouveau ?

Didier Lejeune : Oui et c’est très différent de ce qu’on avait l’habitude de faire jusque-là. Nos premiers clients ont commencé leurs expérimentations dans le Cloud il y a un an ou deux et ils attendent qu’on les conseille sur ce qu’ils doivent garder en interne, mais aussi qu’on les aide à migrer et surtout à contrôler leurs consommations. Les catalogues de services des grands cloud providers tels AWS ou Azure sont très complexes avec leurs dizaines de milliers de lignes de références. Le design d’architectures sur la base de ces catalogues de services implique de réaliser des montages contractuels complexes et de manager finement les aspects financiers car le coût de ces architectures varie au jour le jour. On défriche de nouveaux métiers. On est en train de développer un outillage et des processus à cet effet. C’est la raison d’être de la business unit Cloud et services managés que nous avons créée en mars.

Channelnews : Cette business unit, dirigée par Baptiste Simon, est en partie issue de la force de vente de Flow Line, votre filiale spécialisée dans l’infogérance cloud. Jusqu’ici relativement autonome, celle-ci a été réorganisée au printemps pour devenir le centre de services production Cloud et infrastructures du groupe. Au passage, sa force de vente a été rappatriée à Nanterre. Pourquoi cette décision ?

Didier Lejeune : Flow Line n’était pas autonome. Le business plan initial, qui avait motivé son acquisition en 2016, était d’étendre sa capacité de services autour des infrastructures à l’ensemble des 6.000 clients de SCC France. C’est ce qu’on a fait pendant deux ans en demandant d’un côté aux 150 commerciaux de SCC de « vendre » les services d’infrastructures de Flow Line tout en laissant son équipe commerciale résidente poursuivre le développement de ses clients historiques. Mais culturellement, les commerciaux de SCC avaient du mal à vendre des offres qui n’étaient brandées et produites par des personnels SCC. Il m’est apparu qu’il fallait mutualiser les forces de production de Flow Line avec celles existantes de SCC dans les services managés de façon à avoir un panel plus vaste de compétences. De la même manière, il fallait mutualiser la force de vente de façon à ce qu’elle s’inscrive pleinement dans la stratégie SCC. D’où la création de la business unit Cloud et services managés.

Channelnews : Quel a été l’accueil des clients ?

Didier Lejeune : Les retours sont très positifs. Le carnet de commandes a augmenté fortement depuis cette réorganisation. Nous traitons des sujets à la fois plus importants et plus complexes pour des clients plus importants. On vient ainsi de signer un contrat de cloud public de 1,5 M€ avec AWS pour un client du secteur public. C’est le plus gros contrat Cloud public AWS en France sur le secteur public. Plus généralement, sous l’impulsion de sa nouvelle BU, SCC France, qui était historiquement tourné vers l’infogérance de l’environnement utilisateur, est en train de prendre le virage de l’infogérance globale avec la capacité de prendre en charge l’infogérance de l’ensemble du système d’information de ses clients, y compris de leurs infrastructures de production. Un métier sur lequel SCC n’a pas de légitimité chez ses clients grands comptes mais qui a vocation à se développer dans les filiales des grands comptes et chez ses clients de taille intermédiaire.

Channelnews : Comment voyez-vous évoluer votre activité sur la seconde partie de l’exercice ?

Didier Lejeune : Le deuxième semestre se présente bien même s’il est peu probable que nous égalions la croissance inhabituelle que nous avons enregistrée du premier semestre. On nous annonce plutôt un phénomène de ralentissement économique. Ce qui aura à terme un impact sur la capacité d’investissement des clients. Mais pour l’instant, nous ne voyons aucun signe dans ce sens.