Ce mardi 15 novembre était un jour de grève chez Inetum. Environ 400 salariés se sont mobilisés dans toute la France à l’appel d’une intersyndicale constituée de cinq organisations syndicales (Solidaires Informatique, CFDT, CFE-CGC, CFTC et CGT) pour défendre leur pouvoir d’achat. C’est la seconde journée de mobilisation sur ce sujet. Une première grève, également suivie par environ 400 salariés, avait eu lieu le 20 septembre dernier.

L’origine du conflit remonte au mois de mai. Alors que les négociations annuelles obligatoires (NAO) 2022 étaient bouclées depuis longtemps, les organisations syndicales ont demandé une augmentation collective additionnelle de 200 € net par mois par personne et une prime de 1.500 € pour compenser les effets de l’inflation constatée à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine.

Une revendication à laquelle la direction avait opposé une fin de non-recevoir, arguant qu’elle avait déjà fait un effort en proposant une augmentation de 3,5% de la masse salariale alors qu’elle ne s’était engagée que sur une enveloppe de 2,25 % d’augmentation lors des NAO 2022. Un effort justifié par le taux élevé de turnover (proche de 25%).

Ce à quoi les syndicats répondent que 39% des salariés français (soit environ 4000) n’ont reçu aucune augmentation et qu’il existe des disparités importantes parmi ceux qui en ont reçu une puisque les augmentations sont attribuées exclusivement à titre individuel.

Certaines voix signalent en outre qu’une partie de ces augmentations sont en réalité des rattrapages de salaires obligatoires dus aux personnes se retrouvant sous les planchers conventionnels, n’ayant pas été augmentées depuis plus de cinq ans ou concernées par la lutte contre les inégalités homme-femme. Difficile de discerner la part des rattrapages de celles des augmentations au mérite, la direction ayant refusé de le préciser.

Face à la fin de non-recevoir de la direction, l’intersyndicale a refusé de participer à la première réunion des NAO 2023 qui devait s’engager le 2 novembre.

Ce mouvement social intervient alors que le fonds d’investissement qatari Mannai, qui avait acquis le groupe en 2016 pour 559 M€, l’a revendu cet été au fond étasunien Bain Capital Private Equity pour 1052 M€, empochant au passage une plus-value hors frais financier de 522 M€. Le versement d’une prime de 1,2 million d’euros au PDG s’ajoutant à ses honoraires annuels de 1,35 millions d’euros, et les 800.000 actions gratuites attribuées au top management ne sont pas non plus passés inaperçus.

Si les mouvements sociaux sont rarissimes – et très peu suivis – dans les ESN pour de multiples raisons (isolement des salariés en délégation chez les clients, taux important de turnover, télétravail…), l’année 2022 aura été marquée par un conflit comparable au sein d’une autre ESN majeure : Econocom. Gageons que si les tensions inflationnistes perdurent, d’autres conflits ne manqueront pas de se déclarer dans les prochains mois.

Légende : Des salariés du site d’Inetum Lyon manifestent devant leurs locaux. Des rassemblements se sont également formés devant les agences de Bordeaux, Nantes, Orthez, Toulouse, Sophia, Niort et au siège à Saint-Ouen.