Gosis va construire un datacenter « éco-dynamique » à empreinte carbone nulle, et propose un hébergement à prix serré. Nous avons rencontré Christophe Lefevre, un des deux cofondateurs de la société.


Channelnews : Vous présentez Gosis comme le premier opérateur de centres informatiques sécurisés à empreinte carbone neutre. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Christophe Lefevre : Nous avons créé Gosis le 25 mars dernier, après avoir travaillé pendant un an sur le projet. Nous nous sommes concentrés sur la donnée, qui semble être la valeur la plus importante pour beaucoup d’entreprises. Nous nous sommes focalisés sur deux aspects principaux : le stockage et la sécurisation en termes d’accès – sans oublier la réplication des données – d’une part, et les données spécifiques telles que les dossiers des patients et les informations personnelles d’autre part.

La partie stockage est quelque chose que je connais bien puisqu’il y a plus de 20 ans que je réalise des salles informatiques. J’ai d’ailleurs commencé dans le métier pour Digital.

Avant de créer Gosis, j’ai regardé avec mon associé ce qu’il y avait dans une salle informatique, composant par composant, en analysant ce qui était polluant et énergivore. Nous nous sommes demandé quel était le type de climatisation le plus approprié, pourquoi on utilisait des châssis U46 ou 42 et non des U80, pourquoi les planchers étaient si hauts. On s’est ensuite interrogé pour savoir si on pouvait faire autrement, comment on pouvait retraiter tous ces éléments en partant d’une page blanche

En termes de climatisation – free cooling, cold corridor – nous avons décidé de bâtir une solution de manière industrielle. Nous avons opté pour un datacenter circulaire sans plancher et sans faux plafond.

Nous avons regardé comment les entrepôts de stockage industriels étaient refroidis. Nous nous sommes alors aperçus que le spécialiste mondial du secteur était Français. Nous l’avons contacté et nous avons étudié ensemble comment adapter sa solution à un datacenter.

Dans un centre classique on a deux tiers de technologie pour un tiers d’exploitation. Chez Gosis nous sommes à 50/50.

Qui fournit les équipements réseaux ?


Christophe Lefevre : Pour le réseau, nous nous sommes rapprochés de Cisco. Nous discutons avec eux pour intégrer des commutateurs Nexus et, au niveau des blades, des UCS. Nous avons par ailleurs fait le choix de la fibre optique, avec du 10 gigas de bout en bout. Chaque tête de rack distribue donc du 10 gigas, soit du 40 gigas en incrémental.

Nous avons ensuite opté pour des onduleurs d’un fabricant anglais disposant d’une double redondance.

Un datacenter normal tourne autour de 3.000 m2. Le nôtre fait 700 m2 avec 2 silos physiques de 350 m2 enterrés à 10 mètres de profondeur, pour plus de sécurité.

Nous pouvons héberger 100.000 machines virtuelles et 15 petaoctets de données. Un brevet a été déposé en 2009.

Je précise que notre datacenter revient à 5.000 euros le m2 au lieu de 10.000 ou 12.000 euros le m2 pour un centre classique.

Quand serez-vous opérationnels ?


Christophe Lefevre : Nous allons accueillir nos premières machines au mois d’octobre dans un datacenter provisoire. La construction du futur centre commencera quant à elle au mois de novembre.

Nous travaillons avec l’Ecole des mines pour tout ce qui touche à la gestion du centre. Ils ont développé une cartographie qui simule les coûts très rapidement. Les clients viennent avec leurs machines physiques puis passent à la virtualisation avec un coût qui diminue en temps réel. On peut ainsi proposer une machine virtuelle à 35 euros, infrastructure, logiciels et bande passante incluse.

La donnée est quant à elle facturée 18 centimes le gigaoctet, tout compris.


Où se situera le futur centre ?


Christophe Lefevre : Il y a en réalité 2 centres situés en Lozère à 40 km l’un de l’autre pour plus de sécurité. Ils son reliés par des liens noirs.


Pourquoi en Lozère ?


Christophe Lefevre : Cela résulte d’une étude climatique. En Lozère, la température ne monte jamais au dessus de 18 degrés la nuit, même quand il fait très chaud, ce qui est très bien pour notre activité. D’autre part, l’hygrométrie – qui est un autre point difficile à gérer – est relativement constante.

Nous sommes toutefois sollicités par d’autres régions qui souhaitent qu’on installe un centre chez elles.


Avez-vous déjà des prospects ?


Christophe Lefevre : Nous travaillons déjà avec des grands comptes qui veulent se lancer dans une expérimentation avec des bouts d’applications, notamment du HPC.