Patrick Drahi, qui assume clairement sa volonté de réduire l’impôt versé par son groupe en France, est rattrapé par le fisc. En 2016, Altice a lancé SFR Presse, un kiosque numérique qui, couplé aux forfaits, permettait à l’opérateur de bénéficier du taux de TVA de 2,1% appliqué à la presse au lieu du taux normal de 20,1% pour internet et les télécoms.
Cette astuce, bientôt imitée par Orange et Bouygues Telecom, n’a pas plu à Bercy qui y a mis fin en mars 2018. Orange a depuis cédé cette activité à ePresse, Bouygues de son côté s’appuie depuis 2017 sur Cafeyn, anciennement LeKiosk, au travers d’un partenariat.
Selon Le Figaro, Altice serait lui-aussi sur le point de céder son kiosque à Cafeyn qui reprendrait par ailleurs la plateforme de numérisation des journaux Milibris acquise en 2017. Le montant total de l’opération serait de 5 millions d’euros. L’annonce de cette cession intervient après celle du transfert de Libération, dernier titre de presse écrite encore détenu par le groupe, à une fondation créée pour l’occasion.
Le groupe de Patrick Drahi n’en a pour autant pas terminé avec le fisc comme le rapporte Capital, qui indique que ce tour de passe passe rapportait à SFR 20 millions d’euros par mois, soit au moins 420 millions d’euros pour 21 mois d’utilisation. Bercy entend bien récupérer cet argent. Selon nos confrères, un redressement a déjà été notifié l’an dernier pour l’année 2016 et le contrôle de l’année 2017 est en cours. Le fisc ne s’arrête pas là et s’intéresse au CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), à la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), la TOCE (taxe sur les opérateurs télécoms), la taxe sur les hauts salaires, l’utilisation du taux de la TVA réduite sur la TV payante, le crédit d’impôt étranger, la déduction des créances douteuses, la déduction des charges intra-groupe, l’amortissement exceptionnel des licences 4G sans oublier l’utilisation des pertes du câble pour réduire l’impôt.
La facture risque donc d’être très lourde. L’an dernier SFR s’est déjà vu infliger un (premier) redressement de 245 millions d’euros. Voilà qui ne doit pas plaire à Patrick Drahi.