La troisième fois est la bonne. On avait déjà annoncé l’arrivée de Pat Gelsinger à la tête d’Intel en 2013 lors du départ de Paul Otellini et en 2018 lors de la démission de Brian Krzanich. Cette fois il prend bel et bien les rênes de l’entreprise. Son arrivée marque le retour d’un ingénieur à la direction du fondeur et la fin d’une parenthèse. En effet, Bob Swan, qui occupait le poste depuis janvier 2019, était jusqu’alors directeur financier de la société. Son bilan n’est pas si mauvais. « Sous sa direction, Intel a réalisé des progrès significatifs dans sa stratégie de transformation en une société XPU multi-architectures afin de capitaliser sur les évolutions du marché et d’étendre la portée d’Intel sur des marchés à croissance rapide. Bob a également contribué à redynamiser la culture de l’entreprise afin de favoriser une meilleure exécution de notre feuille de route de produits et d’innovation. Il laisse Intel dans une position stratégique et financière solide », indique dans un communiqué Omar Ishrak, président indépendant du conseil d’administration d’Intel. Bob Swan restera chez Intel jusqu’au 15 février « pour garantir que la transition à la direction se déroule sans heurts ». Mais à présent, la firme de Santa Clara a besoin d’un visionnaire, capable de devancer le marché et de tenir la dragée haute à AMD et Nvidia (sans oublier la technologie ARM), qui profitent des retards de fabrication d’Intel, mais aussi d’une certaine atonie du constructeur, pour s’assurer des parts de marché.
Pour relever ces défis, Pat Gelsinger est certainement le mieux placé. Il connait bien la maison, où il a travaillé pendant 30 ans avant de rejoindre EMC en 2009 comme président et COO, puis VMware en 2012 en tant que CEO. Arrivé chez Intel en 1979, tout frais émoulu du Lincoln Technical Institute, il s’est plongé à 18 ans dans le cambouis technique sous la houlette du président et cofondateur de la société Andy Grove, tout en poursuivant des études d’ingénieur en génie électrique à l’université de Santa Clara, puis à Standford. Il a occupé rapidement des postes de direction et fut notamment le premier directeur technique de la société. On lui doit des technologies comme l’USB ou le WiFi. Il est aussi l’architecte du mythique processeur 80486.
Son expérience chez EMC et, surtout chez VMware sont également de précieux atouts. « Pat a conduit l’entreprise à étendre notre empreinte de virtualisation principale et à étendre nos capacités au cloud, à la mise en réseau, à la 5G / Edge et à la sécurité, tout en triplant presque ses revenus à près de 12 milliards de dollars », reconnait Zane Rowe, directeur financier de VMware, qui assurera l’intérim en attendant la nomination d’un nouveau CEO. « En tant que CEO au cours des huit dernières années, Pat a dirigé la formidable croissance et expansion de l’entreprise et a construit une base solide pour l’innovation future », ajoute de son côté Michael Dell, président du conseil d’administration, au sein duquel Pat Gelsinger conservera d’ailleurs son siège.
Le style de management du nouveau CEO et sa culture de l’entreprise constituent un autre atout pour Intel et ses salariés, à une époque où l’entreprise est confrontée à des choix difficiles. En 2019 nous apprenions par nos confrères de CRN que, plébiscité par 99% des salariés de VMware, Pat Gelsinger avait été désigné meilleur dirigeant d’une grande entreprise aux Etats-Unis. « Notre culture est celle des possibilités, où tout le monde est responsable, car ensemble nous façonnons l’avenir des entreprises dans le monde numérique », avait alors déclaré le nouveau lauréat. « Si vous y réfléchissez bien, nous passons plus de temps discrétionnaire avec nos compagnons de travail qu’avec nos proches; il est important pour moi que notre équipe profite du temps que nous passons ensemble. »

Assurément, la greffe devrait (re)prendre.