Voilà qui, à première vue, pourrait poser quelques problèmes à Cegid. Il y a quelques jours à peine l’éditeur lyonnais annonçait la disponibilité de Cegid XRP Flex, une offre ERP destinée au marché des PME, basée sur a technologie d’Acumatica. Or, on apprend à présent que cet éditeur américain est racheté, pour un montant qui n’est pas dévoilé, par le fonds d’investissement suédois EQT, déjà propriétaire d’IFS un autre éditeur d’ERP, Suédois lui aussi. Les deux sociétés se complètent parfaitement si l’on en croit IDC. « J’ai évalué de près IFS et Acumatica dans le cadre de l’évaluation 2019 IDC MarketScape: applications globales SaaS et ERP opérationnelles dans le cloud », indique dans un communiqué Mickey North Rizza, vice-président du programme Applications d’entreprise du cabinet d’analyse. « Chaque entreprise a été identifiée comme un acteur majeur dans l’étude, mais pour des raisons différentes, et ensemble, elles se complèteront véritablement. IFS peut renforcer la capacité d’Acumatica à se mondialiser et à se développer dans des secteurs clés, tandis qu’Acumatica peut appuyer IFS avec des fonctionnalités accrues en matière de veille stratégique et d’analyse, et avec une vaste expérience de la fourniture d’une véritable offre SaaS ERP née dans le cloud. »

Après la clôture de la transaction, le président d’IFS et conseiller d’EQT, Jonas Persson, prendra la présidence des deux éditeurs avec l’ambition de faire de ces derniers des concurrents de SAP, Oracle, Microsoft, Infor, et Sage « parmi d’autres » ainsi que le précise le communiqué.

« IFS et Acumatica peuvent mutuellement tirer parti de leurs ressources, de leurs capacités et de leurs stratégies, mais en bénéficiant d’une autonomie totale et d’une trajectoire de croissance rapide, tout en évitant les perturbations liées aux activités commerciales ou à l’image de marque », explique dans le document le CEO d’IFS et futur membre du conseil d’administration d’Acumatica, Darren Roos. « Combiné aux compétences d’IFS, Acumatica est bien placé pour s’étendre sur de nouveaux marchés et offrir un véritable support mondial à nos clients internationaux en pleine expansion », commente de son côté le CEO d’Acumatica, Jon Roskill, qui devrait conserver ses fonctions.

IFS revendique 3.500 salariés et 10.000 clients dans le monde, dans des secteurs tels que l’aérospatial et la défense, l’énergie et les services publics, l’ingénierie en matière de construction et d’infrastructures, la production et les services. La société compte parmi ses clients Darty, Engie, Pepsi, Veolia, Groupe Le Du, Wynn’s, Systra ou encore Olympus. Cent pour cent channel, Acumatica annonce quant à lui 300 partenaires, 275 salariés dans le monde et plus de 5.000 PME clientes.

Quelle sera la réaction de Cegid à cette transaction ? L’éditeur est en France un concurrent direct d’IFS, notamment sur les marchés de la comptabilité et de la gestion commerciale. Cela dit, il serait surprenant qu’en annonçant la semaine dernière le lancement de XRP Flex, le Lyonnais, lui-même contrôlé par Claudius (véhicule des fonds américain Silver Lake Partners et britannique AltaOne Capital), n’était pas au courant de l’opération d’EQT Partners. Il est même probable qu’il a reçu des garanties suffisantes concernant l’accord qui le lie à Acumatica.