Le numéro un mondial des bases de données crée la surprise en annonçant l’acquisition de Sun, deux semaines après qu’IBM eut lui-même renoncé à le racheter.

 

C’est finalement Oracle qui va reprendre Sun Microsystems pour environ 7,4 milliards de dollars (y compris la dette). L’opération, qui a été annoncée aux Etats-Unis juste avant l’ouverture de Wall Street à 8h30 heure locale ce lundi 20 avril lors d’une conférence téléphonique, devrait être finalisée avant l’été.

 

Le nom du repreneur n’est pas une surprise, la presse américaine ayant déjà révélé l’existence de négociations entre Oracle et Sun depuis plusieurs mois. Mais la rumeur disait Oracle uniquement intéressé par l’offre logicielle de Sun, l’offre matérielle devant revenir à HP.

 

La surprise réside donc dans le fait qu’Oracle rachète Sun dans sa globalité, ce qui fait entrer Oracle dans le cercle très fermé des constructeurs. A-t-il l’intention de conserver ce métier et poursuivre l’activité serveurs ? A priori, oui.

 

Au nez et la barbe d’IBM

 

Cette transaction intervient alors que Sun avait décliné une offre à peu près similaire d’IBM il y a deux semaines, invoquant un prix pas assez attractif. En réalité, il semble que ce soit l’ancien patron et co-fondateur de Sun, Scott McNeally, qui se soit opposé à l’union avec IBM, craignant de vendre son âme au diable.

 

Oracle, qui ne paye en réalité que 5,6 milliards de dollars compte tenu de la reprise de la dette de Sun et de sa trésorerie, indique dans un communiqué qu’il espère que cette opération lui rapportera 1,5 milliards de dollars de résultat d’exploitation dès la première année, soit plus que BEA, PeopleSoft et Siebel réunis.

 

Le fait que Scott McNeally et Larry Ellison, co-fondateur et CEO d’Oracle se connaissent bien et soient alliés depuis vingt ans a évidemment joué en faveur de ce rachat. Sun a longtemps été la principale plate-forme matérielle sur laquelle était installée la base de données Oracle. Mais chacun s’interroge sur les synergies que les deux entreprises comptent mettre en œuvre en se mariant.

 

Oracle désormais concurrent de ses anciens alliés

 

La question des synergies se pose d’autant plus que l’acquisition remet en question les autres alliances qu’Oracle avait développé avec des constructeurs tels que HP, Dell et même IBM qui, s’il était concurrent dans les bases de données, coopérait dans le domaine des serveurs. En adoptant le modèle matériel + applicatifs qui est au cœur du succès d’IBM, Oracle devient de facto son principal challenger.

 

L’autre grande question concerne le devenir des utilisateurs de MySQL qui tenaient farouchement à leur différence et à leur indépendance vis-à-vis du leader des bases de données Oracle. Autre point d’interrogation : quel est l’avenir de JES (Java Enterprise System), son pack logiciels dédié aux développeurs, qui pourrait bien être abandonné au profit de l’offre BEA, jugée plus avancée en terme de base installée.

 

En tout état de cause, ce mariage tend à rebattre en profondeur les cartes du marché IT et devrait avoir un impact non négligeable sur les partenaires des deux parties. Pris de cours par l’annonce, ces derniers n’ont pas souhaité réagir immédiatement. Affaire à suivre…

 

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