Pour beaucoup, l’acquisition de Sun Microsystems par d’Oracle relève du mariage de la carpe et du lapin. Pourtant, outre l’offre logicielle, Oracle pourrait conserver l’essentiel de l’offre hard de Sun.

 

Analystes et partenaires en conviennent : la stratégie suivie par Sun depuis le début des années 2000 Sun était arrivée dans une impasse et un rachat était devenu sa seule chance de survie possible. Mais, dans ces conditions, pourquoi Oracle prend-il le risque de racheter Sun ? En quoi est-il fondé à penser qu’il saura mieux vendre les technologies de Sun que Sun lui-même ? Certes, Oracle a démontré par le passé qu’il savait créer de la valeur avec ses acquisitions mais comment peut-il devenir constructeur sans jamais l’avoir été ?

 

Dans la conférence téléphonique de lundi annonçant le rachat de Sun, Larry Ellison, le patron d’Oracle a énoncé que c’était son langage de programmation Java et son système d’exploitation Solaris qui l’intéressaient chez Sun. Java, qu’il a même qualifié de « plus important actif logiciel que nous n’ayons jamais acquis ». Quant à Solaris, il est longtemps resté le principal système d’exploitation sur lequel tournait sa base de données. On dit d’ailleurs que Larry Ellison le considère comme le meilleur OS Unix qui soit. En tout cas, il semble savoir quoi en faire.

 

OpenSolaris + OpenOffice, une menace pour Microsoft ?

 

Pour l’instant réservé aux serveurs critiques Solaris existe également dans une version libre de droits, OpenSolaris, qui pourrait un jour être porté sur les postes de travail. C’est en tout cas ce que suggère Matthieu Poujol, analyste chez Pierre Audoin Consultants, dans une interview donnée mardi au Monde Informatique. En association avec l’offre bureautique OpenOffice, il pourrait constituer une menace pour Microsoft.

 

La question concerne l’avenir de sa base de données open source MySQL. Oracle a-t-il l’intention de la tuer ou der la garder ? Certains y voient un produit plutôt complémentaire de l’offre d’Oracle. « Oracle est essentiellement positionné sur le haut du marché, avec des fonctions de haute disponibilité et des outils évolués d’exploitation et d’administration, tandis que MySQL est plutôt orienté PME avec des applicatifs de type PHP très verticaux, analyse Yves Pellemans, directeur technique de la société de services APX. Oracle devrait facilement pouvoir valoriser MySQL en proposant un support aux entreprises et une gestion du changement dignes de ce nom. »

 

Une stratégie matérielle plus floue

 

Concernant le matériel, la stratégie d’Oracle est plus floue. Pour Yves Pellemans, Oracle n’a pas l’intention de rester constructeur de matériel. Il anticipe une revente à la découpe des activités stockage et serveurs à court terme. Une analyse qu’a démenti Larry Ellison lui-même en évoquant son intention de mêler intimement ses bases de données avec l’offre serveurs et stockage de Sun en vue de fournir des solutions complètes. Une approche intégrée qu’il a déjà explorée avec HP en lançant l’année dernière une appliance de gestion d’entrepôt de données, baptisée Database Machine, et qui le placera en concurrent sérieux d’IBM.