Si l’acquisition de Sun par IBM venait à se concrétiser, les partenaires de Sun s’attendent à voir disparaître son offre serveurs. Les partenaires travaillant déjà avec IBM pourraient s’en tirer mieux que les autres.

 

« Quand un gros acteur se fait manger, cela fait toujours courir le risque de voir le business se contracter ». Cette déclaration d’un gros intégrateur Sun résume bien l’inquiétude qui sourd parmi les partenaires du constructeur après la révélation par le Wall Street Journal de discussions en cours pour son rachat par IBM pour 6,5 à 8 milliards de dollars. Une inquiétude que trahit aussi le souhait pour un certain nombre d’entre eux de ne pas commenter l’information.

 

Néanmoins, pour beaucoup, cette consolidation était inévitable. « Sun est sur le déclin et aurait de toute façon fini par disparaître », assure le directeur technique d’un gros intégrateur. De fait, Sun serait à vendre depuis des mois. C’est en tout cas ce qu’a déclaré la semaine dernière Paul Otellini, le pdg d’Intel. Une thèse qu’accrédite notre confrère The register, qui a révélé le 26 mars que l’offre d’IBM à Sun avait tout simplement interrompu des discussions entamées voici plusieurs mois avec Oracle et HP, le premier convoitant les activités logicielles pour 2 milliards d’euros, le second espérant récupérer l’activité serveurs.

 

Des grands clients qui perdent confiance

 

De fait, les difficultés financières de Sun commençaient à entamer sérieusement la confiance que lui témoignaient ses grands clients, pourtant notoirement fidèles. Le constructeur n’a en effet jamais vraiment réussi à se remettre de l’éclatement de la bulle Internet des années 2000 et a enchaîné depuis les réductions d’effectifs. La dernière, annoncée en novembre, pourrait se solder par le départ de 5.000 à 6.000 personnes, ce qui ramènerait son effectif à moins de 28.000 salariés.

 

Inutile de préciser que le rachat par IBM pourrait accélérer la réduction de l’effectif et cette perspective inquiète évidemment les premiers concernés. « On s’attendait à subir notre neuvième plan social en huit ans, déclarait récemment un salarié, mais les conséquences de ce rachat risque d’être encore pires ». De fait, les analystes prédisent d’importantes suppressions d’emplois : 5.000 au bas mot selon, analyste de Barclay cité par notre confrère le site Barron’s.

 

D’excellents produits mais une difficulté à les rentabiliser

 

Ses énormes investissements en recherche et développement – le constructeur y consacre pas moins de 13% de son chiffre d’affaires annuel, n’y ont rien changé. « Sun a de très belles offres mais a du mal à accrocher le bon marché au bon moment, témoigne un partenaire spécialisé stockage. Ils investissent énormément dans la technologie pour peu de résultat ». Le problème viendrait selon lui d’un défaut de support et de suivi des offres. « Le rachat de Storagetek a été mal digéré. Sun a perdu en flexibilité et en proximité avec les partenaires et les clients ».