Le pic de la crise sanitaire passé, les entreprises IT doivent commencer à réfléchir à leur stratégie de sortie de déconfinement. Comment vont-elles aborder la sortie de crise ? Le témoignage de Olivier Poelaert, président de Cyllene.
Channelnews : Quand pensez-vous que Cyllene pourra reprendre une activité à peu près normale ? À quelles conditions ?
Olivier Poelaert : Il ne faut pas se faire d’illusion, la reprise d’activité et le retour à la normale sera conditionné par la reprise des projets chez les clients et dès lors quel sera l’impact des coupes sombres qui viennent d’avoir lieu dans le milieu industriel sans parler de tout ce qui touche à l’aéronautique où l’horizon est pour le moins sombre… nul ne peut le dire.
Channelnews : Sur quelles activités misez-vous en priorité en sortie de déconfinement ?
Olivier Poelaert : Cette période a mis en évidence l’importance de la robustesse des infrastructures et de la qualité des réseaux de télécommunication tout autant que celle du collaboratif et du e-Commerce. Quatre domaines dans lesquels nous excellons Il est clair que ces domaines vont être notre focus en sortie de crise tout comme le web marketing, pour la reconquête de la clientèle de nos clients, ou la Data car le besoin d’indicateurs fiables a également bondi durant cette triste passe.
Channelnews : Vous attendez-vous à devoir réduire la voilure par rapport à l’avant-Covid ?
Olivier Poelaert : Cela semblerait logique et pourtant je reste persuadé que c’est l’inverse qui va se produire en raison des défaillances dans notre secteur tout autant que les mouvements de restructuration qui vont toucher les autres et donc générer des réflexions plus massives sur le désengagement (migration Cloud ou sous-traitance du SI) pour bénéficier de flexibilité.
Channelnews : Quelles initiatives envisagez-vous pour soutenir l’activité de votre société dans un environnement économique profondément dégradé ?
Olivier Poelaert : Dans une situation qui se dégrade, celui qui se contente de tenir progresse… ne dit-on pas qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ? La seule initiative est donc de tenir. Et pour tenir il suffit de maintenir un haut niveau de service chez ses clients tout en les accompagnant dans cette passe difficile.
Channelnews : Constatez-vous des défauts de paiement ou des allongements des délais de paiement de la part des clients ? Si oui quels sont les typologies de clients et les secteurs les plus problématiques et comment envisagez-vous de vous en prémunir ?
Olivier Poelaert : Cyllene est robuste et dispose d’une trésorerie solide, en tout cas largement supérieure à la durée de confinement que nous connaissons à ce jour. La seule prévention est donc le dos rond et le cash marathon…
Channelnews : Quelles initiatives votre entreprise prend-elle (ou envisage-t-elle de prendre) pour préserver sa trésorerie ? Avez-vous (ou prévoyez-vous d’avoir) recours aux différents dispositifs mis en place par le gouvernement (prêts garantis, fonds de solidarité…) ?
Olivier Poelaert : Bien évidemment mais il s’agit là de tambouille interne sans grand intérêt pour la stratégie de l’entreprise. Nous sommes dans une opération de build-up avec la ferme volonté de devenir un acteur majeur de notre secteur… Les problèmes de porte-monnaie me passionnent beaucoup moins.
Channelnews : À quelles évolutions majeures du marché IT vous attendez-vous après le déconfinement ?
Olivier Poelaert : Je suis assez Darwinien dans ma réflexion et reste persuadé que l’évolution se fait par la sélection naturelle. Les acteurs sortants seront donc plus forts et la nature reprendra ses droits (le naturel revient au galop), nous avons connu la révolution de l’IT dans les années 80 avec l’arrivée du PC, l’éclatement de la bulle internet, la crise de 2008, à présent le Covid et finalement, après tous ces bouleversements, qu’en est-il ?… Il y a toujours des constructeurs, des éditeurs, des grossistes et des distributeurs, des intégrateurs, des sociétés de conseils, des compétents, des moins compétents, des IBM, Microsoft, Accenture, Cisco, Econocom, etc.
Cyllene dont les fondations datent de 1986 s’est profondément transformé et intègre des technologies très différentes d’il y a 34 ans mais si l’on approfondit un tout petit peu, il s’agit toujours d’ordinateurs, de logiciels, de développements, de support, de data, de sauvegarde, de sécurité, etc. En conclusion, que va-t-il se passer ? Tout ! C’est-à-dire strictement rien.