Channelnews a demandé à des personnalités de l’écosystème IT de partager leurs prédictions business pour l’année à venir. Les prévisions d’Olivier Poelaert, président du groupe Cyllene.

Channelnews : 2021, année d’accélération ou de tassement pour le secteur des services et de la distribution ICT ?

Olivier Poelaert : Au vu de ce que nous vivons et du nombre de défaillances d’entreprise, il va bien falloir placer la perte de PIB quelque part et comme nous accumulons en plus de la dette, il est évident que ce climat anxiogène ne va pas inciter les investissements. Il y aura certes des cas d’espèce ou des secteurs plus épargnés mais je ne vois pas de grands projets démarrer (et surtout aboutir pour la facturation) sur l’année qui vient… restons donc positifs et parlons de stagnation plus que de tassement.

Channelnews : Trois besoins clients qui vont tirer l’activité ICT en 2021 ?

Olivier Poelaert : La sacro-sainte transformation digitale car nous n’en sommes qu’au début et la crise actuelle ne fait que démontrer un peu plus son utilité. Le second besoin va être à mon sens une nouvelle distribution des cartes avec l’impact du télétravail et donc une différence de moins en moins flagrante entre salariat et sous-traitance puis enfin un effet « Cloud » visant à ne payer que ce que l’on consomme et donc à revoir un grand nombre d’architectures et de fonctionnements totalement inadaptés à ce concept.

Channelnews : Trois profils dont Cyllene va avoir besoin en 2021 ?

Olivier Poelaert : Le focus sur la data va nous amener à recruter des développeurs mais le besoin le plus flagrant n’est pas trop technique, il est plutôt philosophique voire sociologique. Il y a cinquante ans, les personnes qui s’engageaient dans la voie de l’électronique (on disait comme ça à l’époque) étaient des passionnés, des pionniers et leur travail avait un but… de nos jours, nombre sont ceux qui « terminent » dans cette voie car il y a des débouchées. Le problème est que ni la flamme, ni l’investissement ne sont là… la motivation, l’intérêt et la réactivité sont donc vraiment les trois meilleurs profils que nous recherchons.

Channelnews : Un(e) produit/service/activité qui ne redémarrera pas en 2021 ?

Olivier Poelaert : N’exagérons rien, nous sortons d’une grosse grippe, la guerre en est encore loin… je ne vois pas, du moins chez Cyllene, un coup d’arrêt donné à un pan d’activité ou même un simple service. Comme le bateau sur la houle, l’ensemble devrait tanguer mais sans vraiment changer la trajectoire ni le point d’arrivée.

Channelnews : Trois valeurs qui vont marquer 2021 ?

Olivier Poelaert : La bêtise en tout premier lieu si l’on pense que protéger la vie coûte que coûte jusqu’à 95 ans a du sens. La solidarité en second puisqu’il va bien falloir tôt ou tard rembourser les sommes « empruntées ». Et enfin le courage car il va vraiment falloir reconstruire l’industrie que nous avons détruite à coup d’idéaux d’un monde où il n’y aurait que des penseurs…

Channelnews : Trois raisons d’espérer une meilleure année 2021 que 2020 ?

Olivier Poelaert : Faire pire serait indécent. Misons donc sur le bon sens de mère nature pour ne pas prolonger cette pantalonnade. La deuxième raison sera plus mécanique (ou matérielle), à force de brider ou de contraindre, on génère naturellement une démarche de résistance et ce qui ne meurt pas en ressort plus fort… la troisième enfin est la nature même de la situation : plus on déstabilise l’économie, le social, les acquis ou parts de marché, plus on a besoin de malléabilité, de souplesse et de réactivité pour reconstruire, replacer ou réorganiser. Comme il s’agit là de l’ADN même de Cyllene, il est probable que nous puissions tirer quelques opportunités de la situation…