Après un passage à vide, IBM revient dans la course du groupware avec Lotus Notes 8. S’il apparaît distancé par Microsoft sur la messagerie, son offre collaborative conserve toute sa force de nuisance.

 

Microsoft a-t-il définitivement supplanté IBM sur le terrain des messageries d’entreprises ? Selon que l’on pose la question à Microsoft ou à IBM, la réponse est évidemment différente. Citant des chiffres de Radicati datant d’avril 2007, Gwenaël Fourré, chef de produit solutions de communication unifiées de Microsoft, l’éditeur disposerait de 57% du marché mondial de la messagerie, contre 11% pour IBM/Lotus. Et, une étude de Gartner datant de mai 2008 voit même Microsoft à 70% de parts de marché fin 2009 et IBM à 17%.

 

Philippe Mathieu responsable marketing Lotus IBM France, se réfère lui à des chiffres d’IDC datant d’août 2007, qui donnent 51,4% de parts de marché à Microsoft, contre 40% à IBM/Lotus. A écouter Gwenaël Fourré, Microsoft gagne des parts de marchés et IBM en perd, selon IBM, c’est le contraire. S’il reconnaît avoir traversé une période difficile entre 2002 et 2004, IBM assure, études à l’appui, qu’il est depuis en gain de parts de marché. Déterminer ce qui explique de telles divergences selon les études serait peine perdue. Nous avons préféré demander à des partenaires leur avis.

 

Lotus Notes enregistre depuis 2007 un regain d’intérêt spectaculaire

 

Pour Nicolas Leroy-Fleuriot, pdg de Cheops Technology, partenaire stratégique d’IBM et de Microsoft, la cause est entendue : Microsoft a pris le large sur la messagerie pure, tout précisant que l’offre d’IBM garde son intérêt sur la partie groupware. Robert Ptaszynsky, country manager France de l’éditeur-intégrateur Easi, estime qu’après une traversée du désert durant les années 2005-2006, où beaucoup de clients ont effectivement migré vers Exchange, la plate-forme Lotus Notes enregistre depuis 2007, date de sortie de sa version 8, un regain d’intérêt spectaculaire. Il revendique ainsi 50 000 migrations d’Exchange vers Lotus Notes en 2008.

 

De fait, si la plate-forme Exchange est appréciée pour l’ergonomie de son client, ses fonctions de nomadisme et son intégration native avec les outils collaboratifs (Sharepoint) et bureautiques (Office) de Microsoft, Lotus Notes est jugée désormais moins onéreuse à fonctions équivalentes tant en coût de licence qu’en possession et surtout plus ouverte. Ainsi, elle fonctionne sur au moins huit plates-formes serveurs différentes (Solaris, AIX, Unix, Linux, Windows, AS/400…), offre le choix du client (Mac Windows, Linux) et utilise les protocoles standards (SIP…). Elle bénéficie également de son immense parc installé d’applicatifs collaboratifs qu’il est impossible de migrer vers l’environnement Microsoft sans tout redévelopper.

 

Les grands comptes en profitent pour réduire le nombre de leurs licences Office

 

Du coup, la cohabitation entre les deux plates-formes est de plus en plus fréquente. « Les clients ont tendance à conserver leurs serveurs Lotus et leurs applications collaboratives associées tout en utilisant une messagerie Exchange, assure Antoine Colin de Verdière, directeur associé d’Acamaya. « Cette formule remporte l’adhésion de plus en plus de grands comptes qui en profitent pour réduire le nombre de leurs licences Office. Ils lui préfèrent la suite bureautique Symphony, gratuite, incluse dans la plate-forme Lotus Notes, dont les fonctionnalités suffisent à 80% des utilisateurs », estime Robert Ptaszynsky.

 

Dans ces conditions, l’objectif de Microsoft de migrer 5 millions d’utilisateurs (au niveau mondial) de Notes vers sa plate-forme de communication et de collaboration risque d’être difficile. Si l’avance de Microsoft sur le strict plan de la messagerie semble indéniable, IBM semble marquer des points sur celui du collaboratif. En témoigne l’affluence qu’il a enregistrée lors de son dernier événement dédié Lotus Notes. « Et IBM a pris de l’avance sur Microsoft en matière d’architectures clients riches qui seront au cœur de l’informatique de demain », estime Antoine Colin de Verdière.