La crise liée à la pandémie de Covid-19 a mis un frein au dynamisme du secteur du numérique. En croissance de 4,2% en 2019, celui-ci devrait voir son chiffre d’affaires baisser de 6,7% cette année prévoit le Syntec Numérique, qui s’attend toutefois à un redémarrage de l’activité au second semestre.

Le ralentissement affecte les trois grands segments représentés par le syndicat : les éditeurs de logiciels, les ESN, et le conseil en technologies (R&D externalisée) particulièrement fragilisé en raison des impacts de la crise sur l’aéronautique et l’automobile.

Dans son étude, le Syntec Numérique note cependant des signes de reprise pour l’ensemble du secteur. Près de 9 entreprises sur 10 (86%) notent un redémarrage des projets en cours et le reprise de l’activité commerciale. Les SMACS (Social-Mobility-Analytics-Cloud) sont les moteurs du marché, avec une croissance nette estimée à 3,2%, soit 450 millions d’euros, comparé à 2019. Le cloud est bien entendu le principal levier de croissance. Dopé par la crise, le cloud public devrait ainsi enregistrer une croissance de 8%. Sur le seul marché du numérique, près d’un quart des entreprises (24%) prévoient d’investir dans le cloud pour mieux exploiter leurs données et un pourcentage équivalent va migrer ses applications pour des raisons de disponibilité.

Le secteur qui montre les signes de reprise les plus rapides est celui de l’édition de logiciels. C’est d’ailleurs le moins touché. Après une croissance de 6,6%, son chiffre d’affaires devrait contenir sa baisse à 3,6% cette année. Plus de 8 éditeurs sur 10 prévoient la reprise de leur activité dès le deuxième semestre et une part non négligeable d’entre eux (40%) s’attendent même à une croissance de leur chiffre d’affaires. Sans surprise, c’est le SaaS qui tire l’activité : 86% des entreprises prévoient, soit la stabilité, soit la croissance du marché en 2020.

Avec 3,1% de croissance en 2019 et une baisse de 6,2% attendue en 2020, le secteur des ESN devrait être plus impacté par la crise. D’après les adhérents du Syntec Numérique, c’est le développement de nouvelles offres de services à forte valeur ajoutée (développement des offres cloud, nouvelles offres de cybersécurité, développement d’offres autour de l’intelligence artificielle et du machine learning…) qui constituera pour eux le principal levier de reprise en 2020. Là aussi le développement des offres cloud s’intensifie. Il devrait ainsi atteindre 23% de part de marché du segment, soit une croissance de 9,1% en 2020, inférieure cependant à celle de 2019 qui avait atteint 19,4%.

Le Syntec Numérique, associé au Syntec Ingénierie, avait déjà tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière : le conseil en technologies, qui représente 130.000 salariés, généralement hautement qualifiés, souffre le plus de la pandémie. Si 79 % des entreprises du secteur ont connu de la croissance en 2019, seules 12% d’entre elles prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires cette année. En cause : la diminution du carnet de commandes qui s’est dégradé dans 83% des cas au 1er semestre. La reprise sera plus ou moins lente selon les marchés adressés. Le Syntec Numérique prévoit ainsi de 0 à 6 mois pour la pharmacie, l’énergie ou encore les télécoms, de 6 à 12 mois pour l’automobile et plus de 12 mois pour l’aéronautique. L’écart moyen entre la croissance 2020 estimée avant la crise et celle estimée après la crise sera selon le syndicat de -11,6% pour les acteurs les moins exposés, et de -23,4% pour les entreprises les plus exposés (aéro, auto…).

Pour éviter la fuite des talents à l’étranger durant cette période l’accent doit être mis sur la formation estime le Syntec Numérique qui propose au gouvernement de mettre en place un nouveau dispositif, le FMDCI (Formation pour le maintien et le développement des compétences d’innovation) afin d’enrichir les compétences des ingénieurs et des techniciens impactés par la crise. Il s’agirait de périodes de « formation-action » dédiées à de nouveaux projets d’innovation.

« Nous avons deux possibilités : soit nous continuons de financer seulement de l’activité partielle sans investir dans la formation de ceux que la crise a laissés sans perspective, en abandonnant la compétitivité à nos concurrents. Soit, nous pouvons agir dès maintenant pour faire du numérique la priorité du plan de relance », indique dans l’étude Godefroy de Bentzmann, président du Syntec Numérique. « Le numérique n’est pas un secteur d’activité comme les autres : c’est une cheville ouvrière qui permet d’accélérer l’innovation dans toutes les industries. Il faut intégrer le numérique dans tous les plans de relance sectoriels pour créer de l’emploi et gagner en compétitivité. L’occasion est historique et elle ne se représentera pas deux fois. »