Les élections approchant à grands pas Syntec Numérique est décidé à jouer son rôle d’influenceur pour le secteur IT et annonce ses dix propositions aux candidats. Des propositions, très orientées sur l’emploi.

 

Après l’Afdel il y a quelques jours, c’est au tour de Syntec Numérique, syndicat professionnel regroupant l’ensemble des acteurs de la filière numérique au-delà des éditeurs, de présenter son programme de recommandations à destination des candidats à l’élection présidentielle.A moins de 100 jours du premier tour, Guy Mamou Mani, président de la chambre syndicale, met en avant 10 propositions pour favoriser la ré-industrialisation de la France.

 

Résolument optimiste, il voit dans l’IT un levier pour un retour à la compétitivité des industries traditionnelles.Au passage, Syntec n’hésite pas à revendiquer pour le secteur numérique plus de 1 ,5 millions de salariés en France, 700 000 emplois crées en 15 ans soit plus que dans le secteur automobile, 40 000 recrutements par an  et finalement, selon le Syntec, une activité sectorielle qui contribue à 20 % de la croissance du PIB.

 

C’est d’ailleurs sur l’emploi et les vertus dynamiques des TIC, que Syntec insiste dans son agenda, estimant que « le secteur numérique, qui figure parmi les premiers recruteurs de cadres en France, peut permettre la création de milliers d’emplois notamment dans les bassins en difficulté ».

 

Pour une plus grande implication de l’Etat dans le numérique

 

En présentant ces chiffres Guy Mamou Mani a regretté que « cette croissance formidable se soit finalement réalisée sans réelle intervention de l’état », ajoutant  » que les échéances de 2012 doivent permettre au Syntec de faire mieux prendre en compte les enjeux ».

 

Un regret que l’on pourra analyser d’un oeil ironique de la part d’un syndicat professionnel qui milite depuis sa création pour une moindre intervention de l’Etat dans l’économie et dont l’un des derniers grands chantiers dans la sphère politique n’était autre que le fameux « contrat de mission » qui visait « notamment » à détricoter le CDI dans l’univers des SSII.Réagissant aux récent commentaires de Pôle emploi sur l’emploi dans les SSII, justement, Guy Mamou Mani a déclaré s’être rapproché des instances compétentes pour travailler à une meilleur harmonisation sur la manière de compter (et notamment d’évaluer les grilles de compétences).

 

Comme le souligne le Syntec il  y a aujourd’hui des emplois qualifiés fortement liés aux TIC en dehors des domaines de la programmation ou du travail classique des ingénieurs informatiques. Tous les métiers du développement logiciels et de la gestion de projets  doivent être notamment mieux répertoriés dans le cadre des évolutions enregistrées par le secteur du numérique ces dernières années.Au-delà de cette thématique déjà clé dans la campagne, Syntec organise ses propositions autour de trois autres sujets : la croissance économique, la transformation de la société et l’efficacité de la dépense publique.

 

Sur la croissance, on peut regretter des propositions un peu vague sur la valorisation de la bonne gestion du capital humain et la demande de création d’un « réseau de l’innovation » sorte de guichet unique pour permettre aux PME d’accéder au financement et autres aides publiques. On est loin de la logique de filière industrielle à forte croissance et structurée que les acteurs du secteur évoquent régulièrement. Le président du Syntec a toutefois déclaré être régulièrement consulté par les ministères de l’emploi de Xavier Bertrand et de l’Industrie d’Eric Besson pour tout ce qui touche aux enjeux du numérique en France.

 

Pour une élargissement du Crédit Impôt Recherche et une « réforme » de la formation

 

Sur l’emploi, Syntec voudrait voir consolider le mécanisme de Crédit Impôt Recherche, afin de donner des assurances aux entreprises et leur permettre une meilleure visibilité (fiscale) sur leurs investissements. Syntec estime aussi que la R&D pourrait s’entendre jusqu’aux phases de lancement des produits. Un élargissement d’assiette qui devrait faire bondir les adversaires du CIR, qui l’assimilent à une niche fiscale à l’efficacité peu contrôlée. Il est vrai que certaines grandes entreprises, mais aussi quelques start-up, on fait un usage très créatif du concept de R&D afin d’optimiser leur fiscalité. Résultat, on voit mal comment l’Etat pourrait satisfaire les demandes de Syntec sur le CIR, sans un renforcement des contrôle, sous peine d’une explosion du coût du mécanisme.

 

Syntec note qu’un renforcement du CIR pourrait créer 50 000 emplois nets sur 5 ans dans le secteur Logiciels & Services. Dans la même logique, mais de manière plus sectorielle, Syntec souhaite voir adopter un crédit numérique PME, pour accompagner ces dernières dans leur informatisation mais également favoriser l’envol des « digital natives ». Le but est de voir la France intégrer le Top 5 des pays numériques, là où elle se situe actuellement 20ème position selon l’étude « Digital economy rankings 2010, Beyond e-readiness » publiée par IBM et The Economist (étude dont la méthodologie est par ailleurs contestable).

 

Enfin, élément le plus structurant sur le long terme, Guy Mamou Mani promeut le développement d’une filière de formation propre aux métiers du numérique, en s’appuyant sur les dispositifs existants. Là encore Syntec parle de 50 000 emplois supplémentaires sur cinq ans, en finançant le dispositif par le recours au FPSPP (Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels). Notons que le contrôle des fonds et de la politique de formation de la branche (via le Fafiec) reste un enjeu fort d’affrontement entre les organismes paritaires.

 

Renforcer l’efficacité de la dépense publique

 

Concernant l’efficacité de la dépense publique Syntec prône de manière générale un renforcement de la Direction Interministérielle des Systèmes d’Information et de Communication  (DISIC) créée en février 2011. Et donne une série d’exemples où l’Etat devrait investir en TIC pour optimiser son fonctionnement. Syntec encourage aussi l’Etat à piloter la « transformation de la société », avec notamment un déploiement accéléré de l’e-éducation. Syntec pousse enfin à l’aménagement du cadre réglementaire afin de favoriser le nomadisme numérique des salariés.

 

Au final Syntec souhaite une dynamique venue d’en haut et considère que si le message sur le secteur a jusqu’à présent eu du mal à passer, il le doit à la multiplication des interlocuteurs (une allusion à peine voilée aux bisbilles entre éditeurs et SSII qui ont vu l’AFDEL rejoindre le syndicat concurrent de Syntec, CICF en 2009). Guy Mamou Mani appelle donc de ses vœux « à l’instar de ce qui existe notamment en Allemagne » – décidemment la référence du moment – à la création d’un « acteur unique pour renforcer le dialogue avec les pouvoirs publics ». Sans plus de précision néanmoins sur la méthode et le calendrier qui pourrait être initié par le Syntec dans ce sens.

 

Rappelons que lors de son élection, en juin 2010, Guy Mamou Mani avait déjà souhaité la naissance d’une fédération professionnelle unique englobant Editeurs, SSII et métiers du conseil en technologie.

 

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