C’est ce que révèle une étude menée par le Comité Richelieu auprès de ses adhérents. Ces derniers craignent une « bancarisation » de l’organisme public et la possible disparition de son soutien à l’innovation.
Le Comité Richelieu, qui regroupe des PME innovantes, vient de mener l’enquête auprès de 389 de ses adhérents. But de l’opération : évaluer leur perception des forces et faiblesses d’Oséo et de son rôle dans l’écosystème de l’innovation.
L’étude révèle certains décalages entre les pratiques actuelles de l’entreprise publique et les attentes des entrepreneurs interrogés.
Alors que 84% d’entre eux considèrent l’avance remboursable comme plus efficace qu’un prêt à taux zéro, ils sont nombreux à craindre que les budgets des subventions et avances remboursables dédiés au financement de l’innovation dans l’entreprise ne glissent vers des prêts à taux zéro pour des projets structurants (projets collaboratifs et projets filières) moins « risqués », mais surtout moins innovants.
Une tendance que semble confirmer l’évolution des budgets confiés à Oséo. En effet, les aides à l’innovation passeront de 429 millions d’euros en 2010 à 360 millions d’euros en 2011 alors que les budgets alloués aux projets collaboratifs ou structurants feront le chemin inverse, passant sur la période de 221 millions d’euros à 390 millions d’euros.
Au cours d’une réunion avec les membres du Comité Richelieu, le président d’Oséo, Jean-Marc Durand, a toutefois assuré aux participants que les prêts à taux zéro ne viendront pas grever les autres types d’aides.
L’enquête montre par ailleurs la nécessité d’orienter certaines aides aujourd’hui allouées à des phases d’amorçage vers des phases plus en aval de la R&D, afin de permettre l’industrialisation puis la commercialisation des projets. Dans son fonctionnement actuel, Oséo ne peut malheureusement pas proposer ce type d’accompagnement.Pour permettre aux entreprises de renforcer leurs fonds propres à un moment crucial de leur développement, le comité va demander au gouvernement de refinancer les contrats participatifs sans garantie, le milliard d’euros alloué à ces derniers étant d’ores et déjà épuisé.
L’étude révèle enfin que 73% des PME interrogées jugent que l’accompagnement à l’international des PME innovantes n’est pas performant, un chiffre révélateur qui, selon le Comité Richelieu, est peut-être lié au trop grand nombre d’acteurs gouvernementaux et régionaux, la multitude d’outils engendrant ainsi une certaine dispersion de l’aide au développement à l’international.
Le comité va donc demander au gouvernement de clarifier et de rationaliser les missions confiées à la Coface, à Ubifrance et à Oséo « afin que chacun conserve sa compétence et sa compétitivité ».