Une société française bientôt parmi les champions mondiaux de la virtualisation de serveurs ? C’est le scénario hautement improbable hier qu’accrédite aujourd’hui l’éditeur open source Vates. Celui-ci est à l’origine d’un fork de Citrix XenServer baptisé XCP-NG (pour Xen Cloud Platform New Generation), qui intéresse de plus en plus de monde depuis le rachat de VMware par Broadcom fin 2022.

De fait, l’entreprise connaît une croissance explosive depuis deux ans. Son effectif est passé d’une vingtaine de collaborateurs en 2022 à près d’une centaine en 2024. Sur l’année écoulée, son chiffre d’affaires a dépassé les 4 M€ (contre 2,8 M€ en 2023) et a atteint les 6 M€ de revenu annuel récurrent (ARR), en croissance de 50%.

Aux USA, son premier marché, où elle réalise plus de 60% de ses revenus, « les clients ont rapidement compris les implications du rachat de VMware par Broadcom et ont cherché des alternatives », explique son CEO et cofondateur Olivier Lambert (photo). Son ARR y a doublé en 2024, la société réussissant à attirer des clients prestigieux tels que la NASA, l’US Navy et de grandes universités.

Des clients séduits par la stabilité de sa technologie – « il n’y a jamais de casse lors des mises à jour », se félicite Olivier Lambert –, par son fonctionnement général proche de celui de VMware – ce qui facilite les migrations et l’adoption par les clients VMware –, par son modèle open source – les clients peuvent installer et tester les solutions sans engagement initial – et par son niveau élevé d’investissement en R&D – plus de 50 % de l’effectif s’y consacre.

La fenêtre d’opportunités créée par le rachat de VMware par Broadcom est telle que Vates s’est donné pour objectif d’entrer dans le top 5 mondial des acteurs de la virtualisation de serveurs – en captant une part de marché comprise entre 5 à 10 % – et d’atteindre 100 millions d’euros de revenu annuel récurrent d’ici à 5 ans.

Pour atteindre cet objectif, Vates prévoit d’augmenter ses efforts en vente et en marketing, notamment en Europe où la société voit un potentiel de développement important. L’éditeur se prépare à recruter une équipe de chasseurs chargée d’aller chercher de nouvelles affaires sur des marchés identifiés où il a déjà des succès à mettre en avant – par exemple, les universités.

Vates travaille également à renforcer ses partenariats stratégiques – l’entreprise préinstalle son système sur les serveurs de 2CRSI, est partenaire d’AMD et discute de projets de R&D communs avec des fabricants de semi-conducteurs européens tels que Kalray, SiPearl… – mais également à constituer un écosystème de revendeurs, d’intégrateurs, et de fournisseurs de services cloud.

En France, devenu son deuxième marché par ordre d’importance depuis quelques semaines, Vates a développé un partenariat avec l’ESN spécialiste de l’hébergement Cloud Agora Calycé, a formé des équipes de Computacenter sur son offre et a démarré une collaboration avec Cloud Temple, qui a ajouté des instances basées sur ses solutions dans son Cloud. Des partenariats plus anciens ont également été noués avec les fournisseurs de solutions hébergées Aquay Ray et Clever Cloud. L’éditeur, qui dispose d’un programme partenaires formalisé depuis deux ans et qui compte deux ressources internes pour l’animer, prévoit de recruter dans les prochains mois un vice-président en charge des alliances pour accélérer le développement de son écosystème partenaires.

Enfin, une levée de fonds est en préparation pour cette année pour financer la croissance.