Avec BSO Network Solutions, Digora entend faire « sortir ses clients de leurs murs ». Pour son directeur général, Gilles Knoery, l’enjeu consiste désormais à obtenir l’autorisation d’Oracle de les mutualiser sur des infrastructures Exadata.
Vous venez de conclure un accord avec BSO Network Solutions pour l’hébergement des infrastructures critiques de vos clients. Pourquoi le choix de cet opérateur de services d’hébergement et télécoms ?
Gilles Knoery : Pour sa double compétence télécoms et datacenter justement. Et pour sa réactivité impossible à avoir chez les grands opérateurs. Les projets que nous traitons nécessitent souvent des compétences télécoms particulières. Par exemple, dans l’interconnexion de réseaux et de sites, la sécurisation, la gestion des débits… Autant de sujets sur lesquels nous avions du mal à mobiliser les opérateurs tels que SFR ou Orange, dont les temps de réaction sont incompatibles avec nos besoins, et dont les prestations, systématiquement confiées à des sous-traitants, sont de qualité aléatoire.
Par ailleurs, nous avions besoin d’un deuxième site pour répondre à la demande de nos clients qui nous confient des infrastructures de plus en plus critiques. Le partenariat avec BSO nous permet d’accéder au datacenter Equinix PA4 à Pantin, dont les prestations sont au meilleur niveau actuellement disponible en France. Il présente aussi l’avantage d’être plus proche d’une partie de nos clients. Bien qu’originaire d’Alsace, Digora réalise environ 40% de son chiffre d’affaires en région parisienne.
Nous restons néanmoins utilisateurs du datacenter et des services basiques de SFR à Strasbourg avec qui nous travaillons depuis 7-8 ans et dont le site nous permet d’avoir accès aux nombreux réseaux de fibres optiques qui convergent dans l’agglomération strasbourgeoise.
Quelle est la nature du contrat signé avec BSO ?
Gilles Knoery : Il n’y a rien de formalisé ni d’écrit. Nous avons simplement commencé à leur confier des infrastructures clients. Et après plusieurs projets, on a eu l’impression de bien s’entendre avec eux. On a donc prévu de réaliser des opérations commerciales et marketing conjointes de manière à utiliser plus intensivement leur datacenter. Par exemple, on a encore beaucoup de clients infogérés qui ne sont pas hébergés. L’objectif va être de les inciter à les « sortir de leurs murs » dans une logique de diminution de coûts et de sécurisation accrue.
En tant que partenaire de premier plan d’Oracle en France, vous étiez au dernier Oracle OpenWorld, la conférence annuelle clients et partenaires, qui s’est tenue à San Francisco fin septembre. Qu’en avez-vous retenu ?
Gilles Knoery : D’abord, j’ai été frappé par le succès croissant de l’événement. Certes, Oracle avait couplé OpenWorld avec MySQL Connect et JavaOne. Mais avec ses 60.000 participants, l’événement n’est pas passé inaperçu à San Francisco. Je retiendrais ensuite l’annonce de la version in-Memory d’Oracle Database. Une offre qui devrait changer le radicalement le paradigme du datawarehousing. Grâce à sa capacité à stocker simultanément les données en ligne et en colonne, cette version devrait permettre de multiplier par un facteur 100 les temps de réponse de la bases de données Oracle pour les usages intensifs.
En revanche Oracle n’a pas annoncé le modèle de licence hébergeurs que vous appeliez de vos vœux. Vous êtes déçu ?
Gilles Knoery : Ce sont surtout nos clients qui le sont. Ils demandent des infrastructures mutualisées pour baisser le coût de leurs applications et notamment de leur ERP. Avec sa gamme EXA, Oracle dispose bien d’une offre de machines pertinentes pour faire tourner ses applicatifs. Mais pour l’instant, il ne leur est pas possible de faire fonctionner leur ERP eBusiness Suite sur ces machines pour des questions techniques et juridiques. En effet, eBusiness Suite ne supporte pas encore la version multitenant d’Oracle Database, qui permettrait d’avoir des environnements clients étanches sur la même base de données. Et même pour les applicatifs tournant déjà sur ces plates-formes, Oracle ne nous autorise pas à héberger plusieurs clients sur la même machine EXA. Pourtant, leurs performances le permettraient aisément. Oracle vend très peu d’Exadata full rack en France. La plupart des clients se contentent de huitièmes de racks. Et encore ces machines apparaissent-elles souvent surdimensionnées. D’où le besoin de mutualisation. Oracle propose bien une offre mutualisée dans ses propres datacenters. Mais cette offre ne rencontre pas de succès en Europe. Les clients qui l’ont souscrite se plaignent de son manque de souplesse et de sa tarification trop élevée. Néanmoins, j’ai bon espoir qu’Oracle saura nous entendre rapidement.
Comment se présente cette fin d’année 2013 et 2014 ?
Gilles Knoery : 2013 aura été une année compliquée. Digora ne devrait enregistrer qu’une faible croissance du chiffre d’affaire. L’objectif prioritaire était de maintenir la rentabilité. Celle-ci reste peu élevée (autour de 2,5%). C’est dû au fait que la société réalise une grande partie de son chiffre d’affaires en négoce (44%) et qu’elle a autofinancé sa croissance depuis le début. Mais elle devrait tendre vers 7 ou 8% à moyen terme.
L’activité infogérance, par exemple, a nécessité beaucoup d’investissements, notamment dans la chaîne de traitement (pour administrer et superviser les plates-formes techniques). Mais c’est aussi l’activité qui enregistre la plus forte croissance. Elle dépasse désormais l’activité conseil.
Mais autant 2013 a été difficile, autant 2014 se présente bien. Les dossiers que nous traitons actuellement devraient faire des petits. Par exemple, les machines EXA (Exadata, Exalogic, ODA…) marchent très bien. La nouvelle version de la base de donnée, Oracle Database 12c, désormais multitenant, commence également à être déployée et devrait alimenter la croissance du prochain exercice. De même que le partenariat avec BSO. Digora ambitionne ainsi d’accroître de 20 à 30% son chiffre d’affaires services d’ici à la fin 2014.