L’intégrateur spécialisé dans les bases de données en environnement Oracle a enregistré une bonne progression de ses services managés en 2018. Mais le conseil a pâti de la pénurie de compétences et son activité distribution est revenue à son étiage de 2016. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 24 M€, en baisse de 27% par rapport aux 32,8 millions d’euros de l’année 2017.
Une baisse à relativiser néanmoins, Digora ayant enregistré une croissance 56% de ses revenus entre 2016 et 2017. Cette croissance spectaculaire était due pour l’essentiel à une énorme transaction portant sur des bases de données en mode PULA (licences perpétuelles) qui avait multiplié son chiffre d’affaires distribution par deux à 19,4 M€, explique Gilles Knoery, son directeur général. Or, en 2018, Digora n’a pas renouvelé cette transaction ce qui a eu pour effet de faire revenir son chiffre d’affaires distribution à 9,6 M€, soit son niveau de 2016.
Fait nouveau, sur cette activité, les revenus hardware ont dépassé les revenus licence. « Notre business licence Oracle a eu tendance à se contracter », détaille Gilles Knoery. Il invoque à ce propos la reprise en direct par Oracle de comptes autrefois traités en indirect. « En revanche, notre business appliances Oracle ODA et Exadata s’est très bien comporté », expose-t-il. « Ces machines préfigurant le Cloud ont le mérite d’être performantes, très évolutives, faciles à mettre en route et surtout de bien isoler le software Oracle, ce qui simplifie la vie des clients », poursuit-il.
Avec le recul de l’activité distribution, les services ont repris leur place prépondérante. À commencer par les services managés, qui ont représenté 8,9 M€ (37% des ventes), soit une croissance de 20% par rapport à 2017. « En 2018, Digora a dépassé le cap des 300 clients en services managés, ce qui a représenté près de 5.000 éléments supervisés (dont plus de 2.500 bases de données) et 71.000 sondes actives », note Digora dans son communiqué.
En revanche, l’activité conseil a marqué le pas, revenant de 6 M€ à 5,5 M€ (23 % du chiffre d’affaires). « Pour la première fois de notre existence – l’entreprise a été créée en 1997 – les soucis de recrutement que nous avons rencontrés ont eu un impact sur le business. Nous avons vraiment été en-dessous de nos objectifs sur l’activité conseil », regrette Gilles Knoery. En l’occurrence, « le taux de staffing a été toute l’année de 95% alors que le niveau de confort se situe autour de 75 à 80%, explique-t-il. Ça été compliqué à vivre pour nos consultants qui n’ont pas pu lever le pied, notamment pour se former ».
Pour autant, Gilles Knoery garde des motifs de satisfaction de cette année 2018. Il tire par exemple un bilan très positif de sa participation au programme d’accélération pour les PME de Bpifrance qui l’a convaincu de consolider l’organisation de la société avec notamment le recrutement d’un directeur des systèmes d’information et d’un directeur des ressources humaines, la création d’un département juridique, la mise en place d’une direction marketing.
Autre motif de satisfaction : la mise en œuvre des premières synergies industrielles avec son actionnaire EBRC, entré au capital en 2017. Gilles Knoery évoque des projets communs dans la sécurité, le Cloud et les datacenters, notamment dans le secteur de la finance et de la santé. « La demande des clients ne cesse d’augmenter autour des certifications ISO 27001, ISO 20000, HDS… ». Autant de certifications dont dispose son actionnaire, dans les datacenters duquel il dirige certains des clients dont il assure l’infogérance.
Il se félicite également de la signature de 70 nouveaux clients (dont 50 en services managés), ce qui porte à 550 le nombre de ses clients actifs, et des premiers succès de son département innovation. Avec une dizaine de personnes, celui-ci travaille sur des sujets innovants de type objets connectés, big data, DevOps, intelligence artificielle… et répond aux besoins d’outillage interne de la société en services managés et aux besoins de ses clients. Cette équipe est ainsi à l’origine du portage de sa plateforme IoT sous Microsoft Azure et de plusieurs projets de développement en intelligence artificielle.
Le Cloud sera l’un de ses axes de croissance fort cette année. La société vient d’achever la migration dans le Cloud du logiciel de finance d’un de ses clients et s’attaque à la migration d’une gestion de production. « La majorité des éléments que nous gérons pour le compte de nos clients sont des éléments en local, note Gilles Knoery. Mais on commence à avoir de plus en plus d’éléments portés dans le Cloud qu’on nous demande de surveiller et notamment dont on nous demande de suivre la consommation en ressources cloud ». À cet effet, Digora déclare poursuivre une démarche de diversification multicloud vis-à-vis des grands opérateurs du secteur (Azure, AWS, GSP, Oracle…).