Suite à l’annonce du rapprochement d’EXL Group et de Talan, nous avons recueilli le décryptage de Jonathan Journo, associé chez Financière Cambon, qui a participé à l’opération en tant que conseil financier du cédant.

Pourquoi la société EXL Group était-elle à vendre ?

Jonathan Journo : EXL n’a jamais mandaté quiconque dans le dessein de se vendre. En revanche, la société a reçu plusieurs offres non sollicitées de groupes nationaux et internationaux dès 2014. Il est important de préciser qu’il s’agit de l’une des plus belles réussites de ces dernières années dans le secteur des services IT. Grâce à une stratégie mixant incubation interne et croissance externe, EXL a réussi en huit ans à se hisser de zéro à 34 M€ de chiffre d’affaires. Une réussite qui attire forcément les convoitises. C’est dans ce contexte que ses dirigeants sont venus nous trouver début 2015. Ils souhaitaient prendre conseil pour savoir quelles réponses apporter à ces sollicitations, connaître leur valorisation, étudier un timing, réfléchir à l’opportunité de poursuivre leur développement soit de manière indépendante soit en s’adossant…

Que leur avez-vous conseillé de faire ?

Jonathan Journo : Ils ont réalisé qu’ils grossiraient plus vite en s’adossant à un groupe de dimension internationale. Nous les avons convaincus de monter un process compétitif et d’encadrer les acquéreurs dans un timing précis pour optimiser les conditions de l’opération. Au printemps 2015, nous avons commencé à constituer le dossier, notamment l’info-mémo, en vue d’un lancement du processus de sélection des offres mi-2015 et d’un closing en fin d’année.

Quelles sont les caractéristiques du deal et la valorisation retenue ?

Jonathan Journo : Je ne peux pas dévoiler sur quelle base de valorisation se sont faites les négociations. Je peux simplement dire que les cédants ont bénéficié de la tendance haussière des multiples boursiers constatée sur les trois dernières années. Dans les services informatiques, nous sommes actuellement entre 7 et 8 fois le résultat d’exploitation du dernier exercice – ou de l’année en cours selon le timing de l’opération. Cela dépend de la croissance et du positionnement de la société. La transaction s’est faite pour une partie en cash et pour l’autre sous forme d’échange de titres. Cette formule a permis à Lionel Frizon, l’un des deux fondateurs d’EXL, de sortir avec du numéraire, conformément à ce qu’il souhaitait. En revanche, l’autre cofondateur, Mikaël Thépaut, reste, ainsi que la dizaine de managers associés.

Qu’est ce qui a conduit Talan à s’intéresser au dossier selon vous ?

Jonathan Journo : Outre ses expertises techniques et métiers sur la business intelligence, les ERP, le CRM et le digital, c’est la culture delivery (forfait) d’EXL et sa capacité à adresser de gros projets (1 à 2 M€) qui intéressait Talan, dont l’activité est plutôt orientée régie-assistance technique.

Combien d’acheteurs se sont positionnés sur le dossier ?

Jonathan Journo : EXL a reçu plus de cinq offres.

Pouvez-vous rappeler en quelques mots le positionnement de Financière Cambon ?

Jonathan Journo : Financière Cambon est une banque d’affaires spécialisée dans les fusions-acquisitions d’entreprises de valeur moyenne (entre 20 et 200 M€). Historiquement très présents dans le secteur IT sur lequel nous réalisons quatre à cinq opérations par an, nous intervenons plus généralement sur les sociétés de croissance. Présents à Paris et à Londres, nous sommes également installés depuis 2015 à San Francisco où nous recherchons des acquéreurs ou des investisseurs potentiels pour le compte nos clients français.