Depuis longtemps le fonds Third Point souhaitait prendre le contrôle de Yahoo. Avec le départ de Scott Thompson et le renouvellement du conseil d’administration c’est désormais chose faite.

 

Yahoo a annoncé, dimanche 13 mai, le départ de son CEO Scott Thompson, remplacé à titre provisoire par le responsable de la branche médias du groupe, Ross Levinsohn.

Bien qu’aucune raison concernant ce départ surprise n’ait été avancée, il ne fait aucun doute que celui-ci a pour origine le – léger – « bidonnage » du CV de Scott Thompson. Dans un document transmis à la SEC, Yahoo avait en effet annoncé que son patron était diplômé en comptabilité et en informatique. Or ce dernier ne dispose d’aucun diplôme en informatique. Yahoo avait alors affirmé avoir commis « une erreur par inadvertance » en diffusant ces informations avant d’annoncer une enquête interne afin de vérifier la validité des diplômes de son dirigeant. Le pionnier d’Internet annonçait également le départ de Patti Hart, une des administratrices du groupe, soupçonnée d’avoir elle aussi menti sur ses qualifications. Il s’agit en fait d’une cabale ourdie par le hedge fund new-yorkais (mais enregistré à Guernesey) Third Point, qui souhaite depuis longtemps prendre le contrôle du groupe.

Arrivé en janvier dernier – mois qui a également vu l’éviction du fondateur Jerry Yang, du président du conseil d’administration Roy Bostock, et des administrateurs Vyomesh Joshi, Arthur Kern et Gary Wilson – Scott Thompson avait annoncé au mois d’avril le licenciement de 2.000 personnes en annonçant « un nouveau Yahoo! plus petit, plus agile, plus rentable et mieux équipé pour innover ». En avril, il avait affirmé vouloir engager le groupe vers l’Internet mobile. Des négociations avaient également été entamées afin de revendre les 40% détenus dans le site Alibaba à ses propriétaires chinois. Une opération que Third Point, qui détient 5,8% du capital, et d’autres actionnaires souhaitaient depuis longtemps avec la ferme intention d’en contrôler le déroulement, afin d’en retirer le meilleur profit. Ceux-ci ont donc gagné la partie ou du moins la première manche de celle-ci.


Un conseil d’administration renouvelé

Un nouveau président du conseil d’administration, Fred Amoroso, président de Rovi Corp (ex-Macrovision) et ancien d’IBM, a été nommé en remplacement de Roy Bostock. Le patron de Third Point, Daniel Loeb, ainsi que deux de ses proches, Michael Wolf (un ancien mentor du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg) et Harry Wilson (précédemment chez Goldman Sachs) font également leur entrée au conseil.

Il paraît certain que Ross Levinsohn, considéré avant tout comme un vétéran des médias, ne jouera qu’un rôle secondaire dans les négociations en cours au sujet d’Alibaba, lesquelles seront contrôlées par les administrateurs en attendant la nomination d’un nouveau directeur général. Un CEO qui sera choisi par ces mêmes administrateurs. Le lâchage par Yahoo de Scott Thompson, de même que la publication par le groupe d’un communiqué annonçant ces changements « dans l’intérêt supérieur des actionnaires » semblent démontrer une prise de contrôle par les « rebelles ».

Il semble donc bel et bien que l’on se dirige vers un démantèlement prochain du pionnier de l’Internet.