Didier Lejeune, directeur général adjoint de SCC France, détaille les ambitions du groupe en matière de services managés, de cloud et dans les services amont.


Vous avez annoncé le mois dernier la création d’une centaine de postes dans les services, dont une trentaine de profils de haut niveau, notamment des architectes d’entreprise. Des profils que vous n’aviez apparemment pas l’habitude de recruter jusque-là. Est-ce la marque d’une évolution de votre stratégie ?

Didier Lejeune : Oui. Nous marchons dans les pas de notre maison mère britannique qui a déjà adopté ce modèle depuis deux-trois ans. Nous souhaitons effectuer un nouveau saut qualitatif dans la vente de solutions valeur en recrutant des architectes d’entreprises et des consultants capables d’accompagner les entreprises dès le schéma directeur et l’expression de leurs besoins fonctionnels. Ces consultants interviendront en amont du design des solutions en réalisant des études de retour sur investissement, des études de faisabilité, des sénarii d’investissements, etc. L’objectif est de proposer à nos clients, une démarche de bout en bout jusqu’à la mise en œuvre. Cette approche restera toutefois axée sur le haut du mid-market, les très grands comptes restant dans des logiques de référencement et de découpage de leurs projets.

Votre président, James Rigby, a également annoncé vouloir investir dans les services managés et le cloud à l’issue de la vente de SDG, la filiale distribution du groupe. Est-ce la direction prise par la filiale française ?

Didier Lejeune : Tout à fait. On va compléter notre effectif d’ingénieurs systèmes spécialisés autour des environnements Microsoft, VMware, Citrix, stockage pour accompagner la croissance des services managés. Par ailleurs, on est en train de bâtir une stratégie cloud.

Allez-vous investir dans votre propre datacenter, comme en Grande Bretagne, qui en compte trois ?

Didier Lejeune : Ce n’est pas notre priorité pour l’instant. Nos collègues britanniques ont toujours eu des centres de production depuis lesquels ils assuraient des services bureau (l’ancien terme pour les services managés) pour le compte de leurs clients. Du coup, ils ont fait croître cette activité en développant des services cloud pour les entreprises privées et les organismes publics. Rien de tel en France. Nous avons certes hérité des services hébergés de production d’Ares il y a deux ans et nous commençons à proposer des services IaaS mais nous ne sommes pas propriétaires de nos datacenters. Nous sommes hébergés sur des sites partenaires. Et il n’est pas certain que cela vaille le coup d’investir pour l’instant. Le moindre datacenter coût 15 millions d’euros à construire et il y a des milliers de mètres carrés disponibles en France. Du reste la valeur ajoutée n’est pas dans l’hébergement. Ce qui nous importe, c’est de maîtriser le catalogue de services.

Vous avez évoqué votre intention de recruter des profils de haut niveau dans les services. Mais n’êtes-vous pas confrontés comme vos confrères à des difficultés pour recruter, notamment sur ce type de profils, très recherchés ?

Didier Lejeune : Si. Je confirme que ça n’est pas simple. Cela dit, le groupe est solide financièrement, nous avons un beau projet d’entreprise, nous sommes incontournables dans l’intégration et la distribution de solution et nous enregistrons de belles progressions annuelles. Du coup, nous recevons malgré tout pas mal de CV.

James Rigby a évoqué des acquisitions. Avez-vous des dossiers en cours ?

Didier Lejeune : La vente de SDG a en effet libéré du cash permettant d’accélérer sur les acquisitions. Et on a l’intention de faire partie des acteurs de la consolidation qui ne va pas manquer d’arriver dans le secteur de l’intégration IT compte tenu de la conjoncture et de l’année 2013 qui ne s’annonce pas optimale. Nous sommes notamment à l’affût d’acquisitions dans les services managés et nous cherchons à nous développer sur des expertises précises comme la sécurité, la gestion des bases de données, etc. Mais je ne peux rien vous dire concernant d’éventuels dossiers en cours. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons aucune intention de nous lancer dans le développement, la tierce maintenance applicative ou les services d’intégration applicatifs. Nous préférons pour cela travailler avec des partenaires tels Capgemini ou Euriware…

Le rachat de LNA l’année dernière vous a permis d’afficher une croissance de 10,4% de votre chiffre d’affaires sur l’exercice 2011-2012 (clos fin mars) à 867 M€. Mais quel est le rythme de votre croissance organique ?

Didier Lejeune : Nous avons progressé de 15% sur le semestre qui s’est achevé fin septembre. Le deuxième semestre va dépendre de la situation économique de la France. Nous avons de nombreuses consultations mais nous ne maîtrisons pas les cycles de décision des clients.