Covage et Infranum ont présenté ce jour les résultats de la quatrième édition de leur baromètre annuel « la fibre en entreprises ». Une enquête réalisée en mars-avril par l’Ifop auprès d’un échantillon de 802 dirigeants d’entreprises et personnes décisionnaires en matière d’équipements informatiques, représentatif des entreprises françaises, selon

L’étude montre ainsi qu’à fin mars, 63% des entreprises françaises étaient raccordées à la fibre. Cela représente une progression de 15% par rapport aux 55% d’entreprises qui l’étaient il y a un an. Une progression en net ralentissement par rapport aux +49% de l’année dernière. « Ce ralentissement n’était pas attendu aussi vite », s’inquiète Denis Teissier, directeur marketing et communication de Covage (photo), qui a co-financé l’étude avec Infranum.

Sur les 37% d’entreprises non raccordées à la fibre, 3 sur 5 (59%) envisagent de le faire (dès que possible pour les deux tiers d’entre elles). Mais 2 entreprises sur 5 restent réfractaires à l’idée de basculer. Un chiffre que Denis Teissier, juge préoccupant : « Pour passer à la fibre, il ne suffit de souscrire à une box. Cela a des incidences sur le LAN de l’entreprise, son réseau Wifi, ses applications métier… Il faut du temps pour s’y préparer et ceux qui ne l’auront pas anticipé risquent de se retrouver coincés lorsque le réseau cuivre sera arrêté ».

Parmi les freins à la migration, 58% citent le coût de la fibre (offres et projets), 33% pensent ne pas être éligibles, 24% n’ont pas confiance aux opérateurs et 11% mettent en avant les ruptures de service. Des réponses qui, là encore, surprennent les commanditaires de l’étude. « La rupture de service est clairement la préoccupation des clients or elle ne ressort pas dans l’étude. On peut se demander si la question du coût ne masque finalement pas d’autres problématiques comme la complexité des offres, le manque d’information, commente Denis Teissier.

À la question de savoir vers quel type d’offre elles s’orientent, la moitié des entreprises cite les offres de type FTTH (avec garanties minimum d’intervention ou de temps de rétablissement mais sans garantie de débit) et un tiers envisage d’opter pour une offre de type FTTO ou FTTE au débit garanti et au temps de rétablissement en moins de 4h00. Ces dernières offres gagnent 14 points d’intention de souscription en un an (contre -10 points pour les offres FTTH), ce qui traduit une attention accrue portée à la qualité de la part des entreprises, souligne Denis Teissier.

Ce que confirme par les critères de choix d’un opérateur : le critère du coût n’arrive qu’en 7e position derrière des critères relevant uniquement de la qualité : fiabilité du service, rapidité de réparation, débit…

Les usages envisagés restent diversifiés et leur hiérarchie inchangée. Seule la cybersécurité se distingue en s’imposant dans le trio des usages les plus envisagés venant des profondeurs du classement.

Alors que 40.000 entreprises de 158 communes seront concernées par l’arrêt du cuivre en 2024, les opérateurs ont encore peu communiqué sur ce sujet : seule la moitié des entreprises (52%) s’estime bien informée à ce sujet. La période qui s’ouvre est néanmoins charnière pour les opérateurs alternatifs : 41% des entreprises migrant vers la fibre envisageant de changer d’opérateur alors que seulement 9% de toutes les entreprises envisagent un tel changement dans les 12 mois.

Le passage à la fibre, et donc l’arrêt du cuivre, apparaît donc comme un levier majeur de prise de parts de marché pour les opérateurs et, partant, un enjeu pour améliorer la concurrence, sur un marché des télécom B2B qui reste dominé à 90% par le trio Orange-SFR-Bouygues.

Philippe Legrand, président d’Infranum regrette néanmoins le raccordement insuffisant des entreprises au très haut débit et réclame un effort national de sensibilisation aux usages du numérique.