Il y a un an, le spécialiste de la sauvegarde Arkeia Software disparaissait sans prévenir et sans donner d’explications. Cet éditeur franco-américain né à la fin des années 90 avait pourtant été racheté moins de deux ans auparavant par Western Digital et ses solutions étaient fiables et appréciées des partenaires. Alors que s’est-il vraiment passé ? Nous avons posé la question à d’anciens partenaires.

Lorsqu’Arkeia a été racheté début 2013, les partenaires se sont dit que c’était une bonne nouvelle. « On a pensé qu’Arkeia allait avoir plus de moyens pour développer, notamment pour corriger les lacunes du produit et pour bâtir une offre cloud », se rappelle un ancien partenaire. Plus de moyens techniques mais aussi plus de moyens commerciaux. Rapidement en effet, l’équipe en charge de l’animation et du support des partenaires a été étoffée. L’objectif affiché de Western Digital France à l’époque était de rassembler rapidement autour d’Arkeia une grosse trentaine de VARs capables de générer plus de 100.000 dollars de ventes annuelles alors que l’éditeur n’en comptait qu’une grosse demi-douzaine dépassant les 50.000 dollars annuels au moment du rachat.

Un objectif sans doute trop ambitieux qui a vraisemblablement contribué à sa chute dix-huit mois plus tard. C’est en tout la compréhension qu’en ont eu les partenaires. « Western Digital a fait des prévisions trop optimistes si bien que les coûts de structure sont rapidement devenus trop élevés », estime l’un d’eux. Et d’en conclure qu’Arkeia « avait sans doute une assise clients et un niveau de marge insuffisants pour intégrer un grand groupe tel que Western Digital ».

Autre facteur ayant probablement joué en sa défaveur, Arkéia avait pris du retard techniquement par rapport à la concurrence. Autant sa technologie était appréciée pour sa stabilité et son prix attractif, autant elle accusait certaines lacunes. Par exemple, elle ne permettait pas de faire de l’archivage après la réplication ou de faire de la réplication en Y (sur deux sites simultanés). Plus ennuyeux, Arkeia n’a jamais bien su gérer les sauvegardes de base Exchange, n’était pas compatible avec VMware 5.5 et les versions ultérieures et sa technologie de déduplication supportait mal la montée en charge, aux dires des partenaires. Enfin, conçue pour sauvegarder en mode fichier, elle ne gérait pas le mode bloc.

Autant de lacunes qui auraient nécessité un effort important de redéveloppement. Des investissements que Western Digital n’a apparemment jamais engagés préférant saborder sa solution – et la réinjecter dans ses NAS volume de type WD 4000, croient savoir les partenaires. Le constructeur s’est toutefois engagé à supporter la solution jusqu’en 2019 pour les clients qui avaient pris un contrat de maintenance pour cinq ans.