Orange s’ajoute à la liste des opérateurs qui, pour des raisons de sécurité, ne feront pas appel à Huawei pour développer la 5G. « Nous ne prévoyons pas de faire appel à Huawei pour la 5G », a déclaré le directeur général d’Orange, Stéphane Richard, rapporte Reuters « Nous travaillons avec nos partenaires traditionnels que ce sont Ericsson et Nokia. » Le dirigeant a expliqué que les préoccupations en matière de sécurité étaient légitimes. « Je comprends parfaitement que tous nos pays, ainsi que les autorités françaises, soient préoccupés. Nous le sommes aussi. »

Huawei a aussitôt fait savoir qu’il n’était pas un fournisseur du réseau 4G existant d’Orange en France et qu’il ne figurerait pas dans les appels d’offres 5G de la société dans le pays. Le fabricant chinois, qui fournit des équipements pour les réseaux d’Orange à l’étranger, espère cependant participer à la mise en place de la 5G dans l’Hexagone au travers d’autres opérateurs. Rappelons quand même, qu’Huawei et Orange ont signé en février 2017 un accord de coopération concernant les technologies clés liées à la 5G, telles que le découpage du réseau et le partage de canaux et de puissance 4G et 5G dans les bandes de fréquences. « Il est essentiel pour Orange de préparer l’évolution du réseau de la 4G à la 5G », avait alors expliqué dans un communiqué Alain Maloberti, directeur d’Orange Labs Networks. « Nous sommes ravis de collaborer avec Huawei sur des défis technologiques qui rendront possibles les usages futurs de la réalité augmentée et virtuelle, et amélioreront la performance de notre réseau mobile, dans le sens d’une très faible latence et d’un débit encore plus élevé, là où ça compte pour nos clients en Europe et en Afrique. »

L’opérateur français s’inscrit ainsi dans les pas de Deutsche Telekom. La plus grande entreprise de télécommunications en Europe, a en effet annoncé qu’elle réexaminait ses plans de fournisseurs en Allemagne et dans les autres marchés européens où elle opère, compte tenu du débat sur la sécurité des équipements de réseau chinois.

« Deutsche Telekom prend très au sérieux la discussion mondiale sur la sécurité des équipements de réseau des fournisseurs chinois », a déclaré la société en réponse à une question de Reuters. L’opérateur poursuit actuellement une stratégie multifournisseur, en s’appuyant principalement sur des équipements d’Ericsson, de Nokia, de Cisco et d’Huawei. « Néanmoins, nous réévaluons notre stratégie d’approvisionnement », a encore fait savoir Deutsche Telekom.

On notera que ces réticences interviennent alors que les organismes de réglementation américains examinent le projet d’acquisition pour 26 milliards de dollars de Sprint (actuellement contrôlé par le Japonais Softbank) par T-Mobile, filiale de l’opérateur allemand.

Dans le même temps, d’autres acteurs allemands du secteur des télécommunications, qui souhaitent participer à la vente aux enchères de licences 5G par l’Allemagne début 2019, affirment poursuivre leurs discussions avec les fournisseurs chinois. « Nous suivons le problème de très près, mais nous ne participerons pas à la spéculation actuelle », a ainsi fait savoir Telefonica Deutschland qui entretient des relations avec Huawei mais aussi avec ZTE.