Connu pour ses équipements télécoms, Huawei produit également des serveurs, des solutions de stockage et des terminaux. Une offre qu’il s’apprête à proposer en Europe via un réseau de partenaires.


Après avoir conquis le marché des équipements télécoms (il est aujourd’hui le n°2 du secteur derrière Ericsson), Huawei entend se développer sur le marché des solutions d’entreprises avec une gamme complète d’équipements d’infrastructure allant des commutateurs et routeurs aux serveurs en passant par les équipements de stockage et de sécurité. Récemment, la société a décidé d’accélérer encore un peu plus son développement sur ce secteur en prenant le contrôle à 100% de sa co-entreprise avec Symantec, Huawei Symantec, une société connue notamment pour ses systèmes de stockage SAN, ses systèmes de stockage NAS en cluster et sers appliances de sécurité.

Une activité entreprises en forte croissance

L’intégration du portefeuille de produit Huawei Symantec dans le catalogue Huawei devrait être achevé au cours du premier trimestre 2012, si aucun obstacle n’est mis à la fusion en cours. Même sans Huawei-Symantec, les activités entreprises de Huawei sont en forte croissance En 2009, la société ne réalisait qu’un milliard de dollars de CA sur ce secteur. En 2010, c’était déjà 2 milliards et selon la firme, l’année 2011 devrait se conclure sur un CA entreprises proche de 4 milliards de dollars (sur un total de 31 Md$ pour l’ensemble de Huawei). Et les objectifs de croissance sont ambitieux puisque la firme entend réaliser 15 Md$ de CA sur le marché des entreprises d’ici à 2015.

En Chine, Huawei est devenu l’un des principaux fournisseurs des géants chinois du web et fournit des serveurs en masse à des acteurs comme Baidu (le principal moteur de recherche chinois) ou Alibaba (le numéro un de la vente en ligne en Chine). Il motorise aussi les clouds d’infrastructure de China Unicom et China Telecom avec des solutions complètes intégrant réseau, stockage, serveur et logiciel d’orchestration cloud. L’équipementier fournit aussi à certains de ces acteurs une plate-forme VDI complète qui leur permet de délivrer des services de poste de travail via le cloud. Pragmatique, Huawei ne s’est appuyé sur aucune solution occidentale pour attaquer ces marché.

Des solutions cloud 100% maison

La firme a développé sa propre plate-forme cloud basée sur des composants libres et sur ses propres développements. Et c’est cette plate-forme complète de cloud d’infrastructure qu’elle entend pousser à l’international. Huawei n’écarte pas a priori des partenariats avec des acteurs américains comme Citrix ou VMware (dont les hyperviseurs sont certifiés sur sa plate-forme), mais il est clairement perceptible qu’il ne s’agit pas forcément de sa priorité. Pourquoi recourir à des fournisseurs tiers alors que la technologie maison à fait ses preuves semblait ainsi nous dire notre interlocuteur lors d’une démonstration du cloud VDI interne de Huawei qui fournit des services de poste de travail à quelque 12 000 employés du centre de R&D de la firme à Shenzhen ? Au vu de la qualité de la démonstration effectuée sur un poste utilisateur classique (à base de client léger Huawei sous RDP), on peut effectivement s’interroger…

Comme en toute chose, le constructeur devrait être pragmatique. Si ses clients le désirent, il pourra pousser ses matériels en conjonction des solutions logicielles de Microsoft, VMware ou Oracle. Mais dans certains cas, il n’hésitera pas à proposer ses propres solutions logicielles couplées à ses matériels, une façon de tirer les prix vers le bas, mais aussi d’accélérer la croissance de ses activités logicielles et de doper ses marges, comme il l’a fait progressivement dans le secteur télécoms. Si c’est bien de cela qu’il s’agit, certains acteurs occidentaux du logiciel peuvent sans doute commencer à avoir quelques sueurs froides. Car la première génération de solutions cloud et VDI que nous avons pu voir semble déjà d’une surprenante maturité. Il en va de même des solutions de visio-conférence, de collaboration et de communications unifiées de la marque. Des solutions annoncées comme bien moins chères que celles de Microsoft et Cisco.

Cisco, Dell, EMC et HP en ligne de mire

Justement, quid de la concurrence avec les géants occidentaux de l’IT ? « Pas question de faire de complexes », nous explique Leon He, le vice-président des ventes de l’activité entreprises de Huawei. Dans le viseur de la firme figurent tous les grands des infrastructures IT comme Cisco, Dell, EMC et HP. Huawei concède juste une faiblesse pour Big Blue. « IBM est un grand partenaire de Huawei », explique Leon He. Quant au logiciel, Huawei semble avouer une faiblesse pour les solutions Systèmes et bases de données d’Oracle (le constructeur supporte pleinement les offres Linux et SGBD de l’éditeur), et pour l’open source, qui est au cœur de ses offres cloud.

Si la pression de Huawei ne se fait pas encore sentir trop en Europe, cela ne devrait plus tarder : le constructeur vient tout juste de signer un accord avec le grossiste paneuropéen SDG (qui est la maison mère de l‘intégrateur SCC et des grossistes ETC et Bestware en France) pour la distribution de ses solutions de réseau d’entreprise et serait sur le point de signer un accord similaire avec TechData. De quoi renforcer de façon significative sa visibilité en France. D’ailleurs, Bruno Barat, le Directeur général d’ETC attend beaucoup des solutions de commutation et de routage de la firme dont il vient à peine d’entamer la distribution et il avoue aussi s’intéresser de près aux solutions de communication et de visio-conférence. Les serveurs, toutefois, ne sont pour l’instant pas au programme de l’accord, en tout cas en France.

Une offre d’infrastructure complète

La principale arme du constructeur réside dans son aptitude à délivrer des solutions de bout en bout, des terminaux aux systèmes d’infrastructure cloud en passant par le réseau. Côté infrastructure, l’offre s’appuie sur une gamme complète de serveurs, dont le châssis lames Tecal E6000 capable d’accueillir 10 lames verticales bi-socket Xeon 5500/5600. Un autre serveur conçu pour les architectures cloud denses est le Tecal X6000, plutôt destiné aux hébergeurs et aux applications web. Ce serveur en rack 2U est capable de recevoir quatre lames serveur (lames de 1U et demi-largeur) chacune équipée d’une puce quadri-cœur Xeon 3400 (lame XH310), ou de deux puces Xeon 5500/5600 (XH320 et XH620). Grâce à ce design dense, un rack 42U peut accueillir jusqu’à 168 processeurs (soit plus de 2000 cœurs).Le Tecal X6000 et le Tecal E6000 ont été développé au sein du centre de R&D californien du constructeur.

Huawei propose aussi une gamme complète de serveurs racks plus classiques et dont certains modèles semblent directement sortis du catalogue IBM, dont le RH5485, qui n’est ni plus ni moins que la version rebrandée par Huawei des x 3850 et x3950, les fleurons de la gamme x86 de Big Blue, à base de Xeon E7 (ce qui explique sans doute la répugnance de nos interlocuteurs à taper sur IBM). Dans un entretien à Shenzhen, Catherine Hu, la directrice de la branche entreprise de Huawei, a expliqué que ces serveurs seront commercialisés en France à des tarifs très compétitifs sans toutefois vouloir en dire plus sur les prix qui seront pratiqués.

Ces serveurs seront proposés avec la plate-forme logicielle de cloud d’infrastructure de l’équipementier, une plate-forme IaaS bâtie par Huawei sur base Linux et sur laquelle la firme fonde de grands espoirs. Un centre de compétences sur le sujet devrait d’ailleurs prochainement ouvrir en région parisienne pour aider à la promotion et à l’adoption de la plate-forme. Ils pourront aussi faire tourner les solutions maisons de VDI et de collaboration et de communication en temps réel (la gamme eSpace, directement concurrente de Microsoft Lync). Et pour ce type de solutions, Huawei entend jouer la carte du bout en bout en proposant à la fois les serveurs et les plates-formes logicielles, la partie réseau (commutation/routage) ainsi que les terminaux, dont un catalogue complet de téléphones de bureau, de terminaux légers et de téléphones mobiles et tablettes Android.

 

Un développement qui passera par un réeau d’intégrateurs et de revendeurs

Les besoins des grands opérateurs télécoms et fournisseurs de services devraient être adressés en direct comme le fait aujourd’hui le constructeur pour ses produits télécoms, mais Huawei n’attaquera pas le marché des entreprises en direct. Il compte pour cela s’appuyer sur un réseau de partenaires, SSII, intégrateurs et revendeurs. Comme l’explique Leon He en souriant, et en citant le CEO de la firme Ren Zhengfei, « Huawei avait jusqu’alors la réputation d’une veuve noire, qui embrassait ses partenaires avant de les manger. Cette époque est révolue : dans le cadre du développement de l’activité entreprises, la priorité est au développement d’un écosystème de partenaires pour accélérer le développement et s’adapter aux besoins locaux ».

Des partenaires qui, si la croissance de Huawei est aussi fulgurante qu’en Asie, pourraient trouver leur compte à travailler avec le constructeur chinois. Ainsi, après moins de 3 ans d’existence, la division entreprise de Huawei est déjà n° 5 en volume sur le marché Asie Pacifique selon Gartner. Dans cette seule région, Huawei a enregistré une croissance de 28,5%  de ses ventes sur les trois premiers trimestres de l’année et devrait livrer un total de près de 90 000 serveurs cette année.

 

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