Les déchets électroniques augmentent cinq fois plus vite qu’ils ne peuvent être recyclés, d’après le dernier rapport annuel de l’Organisation des Nations Unies (ONU) intitulé Global E-waste Monitor.

Si le recyclage des déchets électroniques présente des avantages estimés à 23 milliards de dollars de valeur monétisée provenant des émissions de gaz à effet de serre évitées et à 28 milliards de dollars de matériaux récupérés tels que l’or, le cuivre et le fer, il a également un coût : 10 milliards de dollars associés au traitement des déchets électroniques et 78 milliards de dollars de coûts externalisés pour les personnes et l’environnement.

A l’échelle mondiale, le coût monétaire annuel net des déchets électroniques s’élève à 37 milliards de dollars. Ce coût devrait atteindre 40 milliards de dollars d’ici à 2030 si aucune amélioration n’est apportée à la gestion des déchets électroniques et aux politiques en la matière.

La production annuelle de déchets électroniques, c’est-à-dire d’appareils mis au rebut et contenant une prise ou une pile/batterie, augmente à un rythme de 2,6 millions de tonnes métriques par an et devrait atteindre 82 millions de tonnes d’ici à 2030, contre 62 millions de tonnes en 2022.

Selon le rapport, ces 62 millions de tonnes pourraient remplir 1,55 million de camions de 40 tonnes, qui – mis bout à bout – feraient quasiment le tour de l’équateur.

Sur les 62 millions de tonnes de déchets électroniques produits dans le monde en 2022, on estime que seules 13,8 millions de tonnes ont été documentées, collectées et correctement recyclées. Par ailleurs, 16 millions de tonnes auraient été recyclées sans traçabilité dans des pays dotés d’une infrastructure de gestion des déchets développée. 18 millions de tonnes auraient été traitées dans des pays à revenus et moyens faibles, dépourvus de systèmes de gestion des déchets électroniques. Enfin, 14 millions de tonnes auraient été jetées dans des décharges.

Le taux de création et de recyclage des déchets électroniques varie selon les régions du monde. En Europe, la production de déchets électroniques par habitant est de 17,6 kg et le recyclage de 7,5 kg. Sur le continent américain, ces chiffres sont de 14,1 kg et 4,2 kg. En Océanie, ces chiffres sont de 16,1 kg et 6,7 kg.

Le taux annuel moyen de collecte et de recyclage en Europe est de 42,8%, contre 41,4% en Océanie, 30% dans les Amériques, 11,8% en Asie et 0,7% en Afrique.

« Nous endommageons actuellement la planète sur plusieurs milliers d’années en fabriquant et en jetant trop d’appareils électroniques », commente Nathan Proctor, directeur principal de la campagne US PIRG pour le droit à la réparation.

Le rapport de l’ONU appelle les politiques à une gestion officielle plus rigoureuse des déchets électroniques et leur demande de veiller à ce que les initiatives de promotion des énergies renouvelables ne finissent pas par nuire aux préoccupations environnementales. En effet, les déchets électroniques provenant de panneaux photovoltaïques, par exemple, devraient quadrupler d’ici 2030, passant de 0,6 million de tonnes en 2022 à 2,4 millions de tonnes huit ans plus tard.