Face à l’offensive des pays du nord qui mettent en avant leur démarche écologique, la France essaye à son tour d’attirer chez elles les datacenters. Avec des arguments pas forcément convaincants.

C’est une véritable guerre que se livrent pays et régions d’Europe du Nord. L’enjeu : attirer les data centers. L’Irlande, l’Ecosse, l’Allemagne, l’Islande…. la plupart des belligérants sont situés bien au nord. Tous mettent en avant la fraîcheur de leur climat. « La température moyenne est inférieure d’au moins 2° à celle des autres pays d’Europe abritant des centres de données, elle permet de contrôler la température à l’intérieur des centres à l’aide d’air frais », affirmait récemment un communiqué du gouvernement écossais. À l’heure ou chacun met du vert dans sa potion, la ventilation naturelle est un argument qui pèse.

En France on a senti le danger. C’est pourquoi un certain nombre d’entreprises française, qui souhaitent elles-aussi profiter de la manne que représente ce marché en pleine expansion (1 milliard d’euros par an rien que pour la construction et l’équipement de nouveaux datacenters), viennent de créer « France for Datacenters ». Un lobby où l’on trouve APC, Areva T&D, Brezillon, Bull, Corning, Coteba, EDF, INEO, Nexans, Orange et Vinci Energies. Sur leur site on découvre 2 brochures téléchargeables. La première, destinée aux pouvoirs publics, est sobrement intitulée « Datacenters … Une chance pour la France ». Elle vise « à faire prendre une position politique étendue aux régions sur le développement des infrastructures de la nouvelle économie numérique ».


La seconde, à destination des investisseurs, est en anglais. Tout est dans le titre. « France for Datacenters … Why France offers the best economical and environmental advantages to build and operate your Datacenters ? » Il s’agit ici de convaincre les entreprises « de l’attractivité de la France en mettant en évidence les critères d’appréciation les plus frappants ».


Et quels sont ces critères ? Des réseaux de télécommunications fiables, des ingénieurs et des techniciens parmi les meilleurs au monde, un prix du m2 carré peu élevé ainsi qu’une électricité peu chère et peu émettrice de CO2. Les deux premiers arguments ne sont pas sans fondement. Les autres sont plus contestables. Il n’est pas sûr que les terrains soient hors de prix au fin fond de l’Ecosse ou dans le Connemara. Quant à l’électricité française elle est certes peu productrice de CO2 . Malheureusement se pose plus que jamais le problème des déchets issus de l’énergie nucléaire.

« Nous nous sommes engagés à produire d’ici 2020 la moitié de notre électricité en recourant aux énergies renouvelables », mettent en avant les Ecossais. Les Allemands de 1&1 affirment quant à eux se fournir auprès d’une usine hydroélectrique norvégienne. Quant aux Islandais, ils rappellent que la majorité (70%) de leur énergie provient de l’hydroélectricité et de la géothermie, des ressources 100% naturelles. « L’Islande : un laboratoire pour l’énergie du futur », titrait il y a quelque temps un rapport du Sénat français. Bref, le pré du voisin risque d’être bel et bien plus vert.