Microsoft a su habilement retourner à son avantage la crise déclenchée par la destitution vendredi du PDG d’OpenAI Sam Altman. La décision inattendue et contestée du conseil d’administration a conduit également à la la démission du cofondateur Greg Brockman et d’une partie des cadres et des employés de la startup.

« Nous sommes extrêmement heureux d’annoncer que Sam Altman et Greg Brockman, ainsi que leurs collègues, rejoindront Microsoft pour diriger une nouvelle équipe de recherche avancée sur l’IA », a annoncé lundi matin Satya Nadella, le PDG de Microsoft, sur le réseau social X.

Dans un autre message, Greg Brockman a indiqué que l’équipe initiale comprendrait plusieurs anciens cadres clés d’OpenAI, dont le directeur de recherche Jakub Pachocki, le chercheur Szymon Sidor et le responsable de la préparation Aleksander Madry.

Microsoft a dû agir dans l’urgence après avoir été mis devant le fait accompli. Malgré son investissement de plus de 10 milliards de dollars et une participation de 49% dans OpenAI, Satya Nadella n’a été informé de la mise à l’écart de Sam Altman que quelques minutes avant que l’annonce ne soit rendue publique.

Des tractations impliquant Microsoft et d’autres grands investisseurs ont eu lieu tout le week-end pour essayer de réintégrer Sam Altman dans ses fonctions, mettant la pression sur le Conseil d’administration pour qu’il admette une erreur et accepte une transformation de la gouvernance. Mais ce dernier, qui reproche à Sam Altman de ne « pas toujours avoir été franc dans ses communications », a campé sur ses positions. Après avoir annoncé dans un premier temps que la CTO Mira Murati assurerait la direction intérimaire, il a finalement confié cette mission à Emett Shear, l’ancien PDG et co-fondateur de Twitch.

« La stabilité et le succès d’OpenAI sont des éléments essentiels de la réussite de l’entreprise et trop importants pour qu’on les perturbe de la sorte », a admis le nouveau dirigeant. Il a annoncé qu’un examen complet du processus qui a conduit à la destitution d’Altman serait conduit dans les 30 jours pour engager les changements qui s’imposent.

Même si le PDG de Microsoft a réaffirmé l’attachement du groupe à son partenariat avec OpenAI, l’avenir de la start-up parait compromis. D’autant plus que dans un courrier adressé au Conseil d’administration après la destitution, plus de 500 employés sur 700 ont fait savoir qu’ils démissionneraient et rejoindraient Sam Altman si ce dernier n’était pas réintégré.

Face à une situation qui menaçait ses investissements, Microsoft a donc repris la situation en main, attirant les cerveaux derrière ChatGPT, avant que ses concurrents n’aient le temps de le faire. Même si la startup périclite, l’innovation pourra désormais être poursuivie par l’équipe interne, qui pourra vite grossir si les menaces de démission sont suivis d’effet.

Une autre dimension significative du dossier est que Sam Altman portait le projet de créer une nouvelle startup pour fabriquer des puces IA capables de rivaliser avec Nvidia. Un objectif partagé par Microsoft qui a dévoilé la semaine dernière sa première propre puce d’IA personnalisée baptisée Maia. C’est un autre axe sur lequel la nouvelle équipe de Sam Altman pourra apporter son expertise, pouvant rendre le cloud Azure plus compétitif face à AWS et Google Cloud.