EMC a créé la surprise en offrant pour le rachat du spécialiste des grappes de stockage Isilon près de vingt fois son CA 2009. Xavier Guérin, son DG Europe du Sud, décrypte pour nous les tenants et aboutissants de cette opération.

 

Channelnews : Beaucoup se demandent ce qu’EMC compte faire d’Isilon, dont le rachat (qui reste soumis à la validation des autorités) a été annoncé la semaine dernière. Son intention n’est-elle pas d’écarter un concurrent en tuant purement et simplement la marque ?

Xavier Guérin : Vous croyez sérieusement qu’EMC aurait accepté de payer 2,25 milliards de dollars, la transaction la plus chère de son histoire, simplement pour tuer la marque ? Je rentre de Seatlle, où se trouve le siège d’Isilon, et je n’y ai rien entendu de tel. Je pense au contraire que nos offres sont parfaitement complémentaires des leurs. EMC a une offre parfaitement aboutie sur le SAN et les NAS Scale-up. En revanche, son catalogue présente une faiblesse sur la partie Scale-Out NAS.

Pourriez-vous repréciser ces notions de Scale-up/Scale-Out ?


Xavier Guérin : Le Scale-Up NAS, c’est la technologie NAS traditionnelle. Les contrôleurs qui pilotent les espaces de stockages sont conçus pour des capacités déterminées à l’avance. Il est possible de rajouter des disques mais au prix de baisses de performances et de goulets d’étranglement. Si les besoins en capacité augmentent encore, on est obligé de constituer d’autres ilots de stockage, ce qui complexifie l’administration, notamment en environnement virtualisé.

A contrario, notre technologie gère jusqu’à 10 Po sur un seul système de fichiers tout en permettant de démarrer avec une faible volumétrie. Notre approche consiste à embarquer les disques directement dans les contrôleurs. Ainsi, chaque fois qu’on a besoin d’ajouter de la capacité, on gagne aussi en performance et en sécurité, les données étant distribuées sur l’ensemble des contrôleurs. Notre offre permet de n’acheter que ce qui est nécessaire et d’ajouter des capacités en fonction des besoins sans contraintes d’administration. Notre architecture est la mieux adaptée pour les environnements VMware.

L’année 2009 avait été particulièrement difficile avec une croissance limitée à 8% du chiffre d’affaires (contre +50% attendus initialement) et des pertes des pertes nettes qui se sont encore élevées à près de 19 M$ s’ajoutant aux 97 M$ déjà perdus au cours des quatre exercices précédents. Comment s’est déroulée l’année 2010 ?


Xavier Guérin : Depuis le début de l’exercice, la croissance des ventes a dépassé les 50%, voire 70% au troisième trimestre. Et la société est rentable depuis le quatrième trimestre 2009. En France, la croissance a été encore plus forte : autour de 70% en moyenne. Nous avons commencé à sortir de nos marchés traditionnels du Web et des média pour rentrer dans de grands comptes, comme PSA, ST Microelectronics ou Orange.

Quels sont vos principaux partenaires ?


Xavier Guérin : Historiquement nous travaillons avec SCC, APX, FTS, ScasiComp, Bull… Depuis peu, notre réseau s’est élargi avec des intégrateurs tels que CTM, qui est spécialisé dans le secteur du broadcast, et CEFI, un intégrateur Sun.