Après un exercice 2012 marqué par des pertes (les premières de son histoire), D.Fi est revenu à une exploitation positive et à la croissance, notamment grâce à ses services managés. Explications de son PDG, Jean-Rémy Pichon.

Vous faisiez partie des deux candidats les plus intéressés par la reprise d’Overlap en plan de cession. Quelle était la logique de cette opération. N’était-elle pas un peu risquée pour vous ?

Jean-Rémy Pichon : Pas du tout, nous avions parfaitement la capacité à mener à bien ce projet. Le tribunal en a décidé autrement. Cette opération était justifiée par notre volonté d’accélérer notre croissance dans les services. La société avait la particularité d’exercer le même métier que nous y compris dans le domaine des services mais en nous apportant une parfaite complémentarité clients et une extension de notre couverture commerciale en province. Nous restons à la recherche d’une opération de croissance externe dans les services.

Justement, où en êtes-vous dans les services ?

Jean-Rémy Pichon : Nous enregistrons une forte croissance dans ce domaine, notamment grâce aux services d’infogérance et les services managés. L’activité services a ainsi progressé de 14% au premier semestre à 8,7 M€, ce qui représente désormais 18% des facturations totales et 65% de notre effectif. Nous sommes en train d’enrichir nos services managés avec des offres de type Cloud. La première, BackupBox, a été lancée en janvier dernier et commence à gagner ses premières références. Il s’agit d’une solution packagée de sauvegarde et de restauration de données. Et nous venons d’annoncer vBox, une solution de virtualisation des postes de travail basée sur la technologie Citrix, qui répond aux besoins de mobilité des entreprises. D’autres offres suivront.

Ne craignez-vous pas que la montée en puissance des services Cloud, et notamment du IaaS, ne menace votre business négoce traditionnel ?

Jean-Rémy Pichon : Le Cloud a certes pour effet de déplacer une part des décisions d’achats des clients vers les fournisseurs de services hébergés. Mais il faudra bien des infrastructures pour fournir les services attendus Cloud par les clients. Si je prends le cas de nos clients infogérés, s’ils décident de conserver des infrastructures spécifiques, ils continuent de les faire évoluer par notre intermédiaire. Sinon, ils contribuent à renforcer nos propres infrastructures mutualisées. Ce n’est pas parce qu’un client est infogéré qu’il n’a pas des besoins IT croissants. C’est juste la manière de consommer cet IT qui évolue. Si menace il y a, elle affectera plus vraisemblablement les prestataires adressant les PME et dont les offres peuvent souffrir de la comparaison avec celles plus standardisées et plus industrialisées du Cloud.

Mais pouvez-vous en même temps vendre des infrastructures aux fournisseurs de services hébergés et leur faire concurrence en proposant votre propre offre Cloud ?

Jean-Rémy Pichon : Ce n’est pas incompatible. D’abord car nous ne vendons pas exactement les mêmes types de services que les autres. Ensuite la coopétition est une constante du marché IT. Un certain nombre des acteurs du Cloud en France sont nos clients depuis déjà des années, notamment les opérateurs télécoms et les SSII. Il n’y a pas de raison que cela change dans la mesure où ils ont besoin de notre expertise dans les infrastructures pour construire leur Cloud.

Vous avez affiché 1,7 M€ de pertes (pour 108 M€ de CA) à l’issue de l’exercice clos fin mars 2013, les premières de l’histoire de D.Fi. Que s’est-il passé ?

Jean-Rémy Pichon : L’activité a souffert du ralentissement brutal des investissements IT entre avril et septembre 2012. Le ralentissement a été d’autant plus brutal que l’année 2011 avait été bonne et qu’on était en pleine phase d’embauches sur l’activité services. Un domaine où les temps d’adaptation sont forcément plus longs que dans le négoce car nous sommes en France. Cela a pénalisé notre premier semestre. Mais nous sommes revenus à une exploitation positive dès le deuxième semestre.

Comment se présente l’exercice en cours ?

Jean-Rémy Pichon : Je vous disais que les services ont enregistré une croissance de 14% au premier semestre mais le négoce a aussi progressé de 4% à 39 M€. C’est satisfaisant si on considère l’atonie persistante de l’environnement économique. D’ailleurs nous avons recommencé à embaucher depuis quelques mois. Toutefois, je ne m’attends pas à une reprise marquée en 2014 même si les perspectives restent plutôt bonnes pour D.Fi. L’IT reste un levier d’amélioration de la compétitivité des entreprises et nous avons pas mal de projets en cours. La seule difficulté, c’est l’allongement des décisions. Les clients hésitent. Ils manquent de confiance.