À l’instar de beaucoup de ses confrères, l’intégrateur fonde désormais sa croissance sur les services. Il n’oublie pas de développer son expertise sur le cloud, comme nous le rappelle Jean-Rémy Pichon, son DG.

Channelnews : Vous venez de publier vos résultats pour l’exercice 2011. Dans votre communiqué, vous indiquez notamment qu’à périmètre égal vos facturations sont en croissance de 5% à 121 M€ mais vous insistez sur la performance des services, qui progressent de 12%. Comment se répartissent désormais vos revenus entre négoce et services et quelles sont les segments les plus dynamiques au sein de ces activités ?

Jean-Rémy Pichon : Les services représentent 15% du chiffre d’affaires. Le reste se découpe entre logiciels (15%) et infrastructures. Nous avons quatre lignes de business services : conseil et projets, assistance technique, contrats de supports et services managés. La première est intimement liée à l’activité négoce et enregistre une faible croissance.

La seconde est née il y a 3-4 ans d’une demande de nos clients de bénéficier pendant des périodes de quelques mois d’expertises spécifiques sur des problématiques infra ne justifiant pas des embauches à durée indéterminée. C’est une activité en plein essor qui mobilise déjà une cinquantaine de salariés sur les 190 que nous comptons dans les services et qui croit de plus de 30% par an.

La troisième consiste à fournir des services de support à distance. Des services de support dont la formule ultime sont les services managés. Relativement récents dans notre offre, ces derniers représentent déjà 25% de nos facturations services et ont enregistré une croissance de 18% en 2011.

En revanche, je ne souhaite pas détailler les dynamiques internes de nos activités négoce qui sont très liées aux performances de nos partenaires.

Beaucoup de vos confrères évoquent un marché du négoce d’infrastructures très tendu, en raison notamment de la montée en puissance du cloud. Vous semblez faire figure d’exception avec vos 4% de croissance. Qu’en pensez-vous ?

Jean-Rémy Pichon : C’est vrai qu’aujourd’hui la tendance est à la dématérialisation des infrastructures. Les clients nous demandent plus d’infrastructures sous forme de service que d’infrastructures accompagnées de services. Il faut toutefois relativiser car le cloud n’est pas la panacée pour tout et ne représente encore qu’une faible part des dépenses IT. Les analystes nous prédisent qu’au mieux cela représentera 10% du marché en 2015. Cela laisse 90% du marché des infrastructures reposant encore sur un modèle de consommation à base d’investissements.

Le problème vient plutôt de la morosité de l’environnement économique. Mais on est moins confronté à une absence de projets qu’à des cycles de décision qui s’allongent. On travaille beaucoup mais les projets n’avancent pas aussi vite qu’on le voudrait. Cela me conforte dans le fait que les investissements IT restent une des clé de l’amélioration de la productivité des entreprises.

Toutefois vous avez, vous aussi, commencé à développer des services cloud. Depuis quand disposez-vous d’une offre, en quoi consiste-t-elle et avez-vous l’intention de devenir un cloud provider ?

Jean-Rémy Pichon : La réponse à la dernière question est oui. Depuis un an, nous complétons notre offre de services managés par des services de type IaaS : nous sommes capables de mettre à disposition de nos clients machines virtuelles et du stockage à la demande. Ces capacités sont hébergées dans deux datacenters interconnectés situés en région parisienne. Nous voyons cette offre comme un moyen de faire évoluer les infrastructures de nos clients vers des architectures plus agiles et de les accompagner vers le Cloud privé.

Quelle est votre légitimité et surtout votre marge de manœuvre face aux géants du cloud ?

Jean-Rémy Pichon : Nous avons l’expérience de la gestion des infrastructures de nos clients. Des infrastructures en général complexes auxquelles il faut greffer des services cloud sans remettre en cause l’existant. Nous n’avons donc pas de raisons d’être réellement confrontés aux grands opérateurs cloud qui se caractérisent par des offres extrèmement industrialisées et standardisées.

Vous affichez votre volonté de doubler vos revenus services d’ici à trois ans et précisez être à la recherche d’opportunités de croissance externe. Quel(s) types(s) d’entreprises visez-vous ?

Jean-Rémy Pichon : On cherche des sociétés de services informatiques susceptibles de nous apporter de nouvelles expertises et/ou d’étoffer notre activité services managés.

De quel budget d’investissement disposez-vous ?

Jean-Rémy Pichon : Je ne souhaite pas le dévoiler mais je peux dire qu’on cible des sociétés d’une centaine de personnes.

Quel est votre perspective de croissance pour l’exercice en cours et quels sont vos objectifs de recrutement ?

Jean-Rémy Pichon : Nous visons 20% de croissance dans les services et une stabilisation sur la partie négoce. Nous devrions recruter une soixantaine de personnes sur l’exercice et porter notre effectif environ 320 collaborateurs contre 290 aujourd’hui.