HP qui rit, Cisco qui pleure. Sur le marché des infrastructures réseaux, la domination sans partage de Cisco a peut-être pris fin avec l’émergence de HP. Une concurrence accrue qui se manifeste sur la marge.

 

Cisco a-t-il mangé son pain blanc ? C’est la question que beaucoup commencent à se poser à la suite de ses derniers résultats trimestriels publiés le 9 février dernier. Des résultats marqués par une baisse de 3 points de la marge brute, qui est passée de 65,6% du chiffre d’affaires il y a un an à 62,4%. Et Cisco a d’ores et déjà prévenu que la marge ne remonterait pas au-delà de 63% au cours des deux prochains trimestres.

Cette diminution de la marge serait induite selon John Chambers par le renouvellement en cours d’une grande partie de la gamme qui fait peser l’essentiel des coûts de développement en début de cycle de vie des produits. Mais les analystes n’ont pas pris ces explications pour argent comptant et ont plutôt vu dans cette érosion de la marge les symptômes de la guerre des prix attisée par HP (qui le revendique d’ailleurs ouvertement) et Juniper. Une guerre des prix qui se cristallise sur son activité historique : les switchs et les routeurs, qui, pour la première fois, est descendue sous le seuil des 50% du chiffre d’affaires (46%).


Les ventes de switchs reculent de 7%

Fait notable, les ventes de switchs, qui représentent un tiers du chiffre d’affaires, sont en recul de 7% sur le trimestre. Une décroissance que ne compensent pas les routeurs qui progressent de 4%. Des chiffres qu’il est difficile de ne pas rapprocher de ceux de HP qui a enregistré de son côté une croissance de 30% de ses ventes de produits réseau durant la période novembre-janvier.

Une prochaine étude IDC pourrait d’ailleurs mettre en évidence que la progression de HP (et Juniper) s’est faite au détriment de Cisco en termes de parts de marché. C’est en tout cas ce que laisse entendre Lee Doyle, vice président du groupe infrastructures réseau, produits de sécurité et services d’IDC dans un entretien à Channelinsider US.

 

Un risque d’éparpillement ?

Au-delà de la pression concurrentielle sur les activités historiques, les investisseurs commencent à s’inquièter de la diversification tous azimuts dans laquelle s’est lancé le constructeur. Certes, les datacenters, la virtualisation,  la vidéoconférence, les outils collaboratifs, les réseaux sociaux ou la moblité constituent des relais de croissance appréciables pour compenser le déclin de ses activités traditionnelles.

Mais beaucoup y voient de l’éparpillement et craignent que le constructeur ne soit pas en mesure d’atteindre la taille critique sur toutes ces activités. Cette crainte concerne particulièrement le marché grand public sur lequel il a enregistré un recul de 15% de ses ventes au dernier trimestre ou même celui de la sécurité (-9%). A noter d’ailleurs que le constructeur vient d’annoncer l’arrêt de son service de messagerie, Cisco Mail, deux ans après son lancement.

 

Un titre qui a plongé de 17% en deux semaines

Prenant acte de leur divergence de vue avec la stratégie de John Chambers, les actionnaires ont durement sanctionné le titre en le faisant plonger de 17% depuis l’annonce des résultats. En un an, celui-ci a reculé de 25% tandis que le Nasdaq progressait dans le même temps de 22%.

Est-ce pour rassurer les marchés ? Toujours est-il que moins de deux semaines après l’annonce de ces résultats, le groupe a annoncé la promotion de Gary Moore, jusqu’ici patron des services, au poste (nouvellement créé) de chief operating officer pour accompagner la transition vers les datacenters.

Toutefois, le channel n’a pas de raison de se sentir menacé par cette baisse de l’action tant que les revenus augmentent… Certes, la croissance n’est plus aussi rapide qu’autrefois (+6% au dernier trimestre à 10,4 Md$) mais elle demeure au rendez-vous. Les partenaires se réjouiront d’ailleurs de la croissance de 59% enregistrée dans les solutions datacenters ou des + 37% dans la collaboration (y compris Tandberg). Reste l’effritement de la marge. Mais ça les partenaires y sont habitués.